La Chine et la France se situent toutes les deux dans le même continent eurasiatique, la France se trouve à l’extrémité ouest et la Chine est à l’Est. Les deux pays ont un long littoral maritime et de nombreux voisins continentaux. D’après leur contour, la forme du territoire français est régulière comme un hexagone, et la Chine est en forme de coq. Pour la superficie, la Chine est 18 fois plus et étendue que la France, la taille de la partie continentale française étant équivalente à la somme des surfaces de la province du Sichuan et de Chongqing en Chine. La topographie des deux pays est diversifiée, notamment en Chine. En France, le plateau, appelé Massif, Central, est au milieu, avec les plaines et les montagnes environnantes. La topographie de la Chine est comme des escaliers, hauts à l’Ouest et bas à l’Est ; les précipitations que les vents de mousson apportent, diminuent évidemment de l’Est à l’Ouest. Pour ces raisons naturelles, la France, petite, a une variété de climat ; et celui-ci en Chine est compliqué aussi. De plus, les deux pays ont un réseau dense de rivières de tailles différentes et diversifiées ; mais la direction des cours d’eau est contraire, à cause de la topographie. En France et en Chine, depuis longtemps, les principaux fleuves sont le fondement de la vie, en favorisant la civilisation et le développement économique, sociale et culturel ; la civilisation du Fleuve Jaune en Chine étant considérée comme une des origines de l’humanité.

La longueur de l’histoire des deux pays est différente, les sociétés actuelles reflétant les épisodes passés. Selon les processus historiques et l’idéologie, la France et la Chine ont tous les deux connu une transition de la société primitive à la société esclavagiste et à la société féodale avec le servage. La France se situe actuellement dans une société capitaliste, et la Chine est engagée sur la voie du socialisme après l’échec de la transformation capitaliste. Mais en réalité, il se manifeste une tendance à l’inégalité, entre riches et pauvres, de plus en plus forte en France, tandis que la Chine est en train d’ouvrir progressivement son marché pour devenir davantage une économie de marché plus qu’une économie planifiée. Du coup, une relation d’affinité s’apparait entre les deux sociétés ayant des différentes idéologies. Cependant, bien que la France et la Chine aient beaucoup des points communs sur les bénéficiaires du développement social, les différences humanistes sont toujours grandes. Pendant leurs périodes féodales, les deux pays ont connu presque le même régime autoritaire avec des rois ou des empereurs ; mais avec l’influence du christianisme et la réussite des mouvements révolutionnaires qui éclatent de niveau bas en haut, le concept « Liberté, Egalité et Fraternité » a touché profondément l’esprit des population, de telle sorte qu’une tradition démocratique s’est formée en France. Par contre, en Chine qui est restée beaucoup plus longtemps en période féodale, la pensée dirigiste s’est endurcie. Pendant les changements de dynasties, il y avait des soulèvements paysans, mais la plupart ont fini par essuyer une défaite. Comme la Chine est un pays multi-nations, les guerres en période féodale ont été entre les nations ; leur résultat normal est qu’une nation forte domine les autres. Depuis les temps anciens, les Chinois ont un sens des responsabilités, national et collectif, qui la distingue des pays occidentaux. En outre, la révolution chinoise bourgeoise qui a porté l’idée de démocratie, a manqué son début d’essai en raison du conflit partisan. Par suite, l’habitude d’être dominé qu’avait le peuple s’est poursuivie ; car il n’est pas possible de changer complètement en quelques dizaines d’années une psychologie établie pendant des siècles. Il n’est pas non plus possible d’enseigner rapidement, pendant un temps fort court une culture démocratique comme tous les pays occidentaux. Mais nous pouvons être sûrs que l’idée démocratique se développe progressivement avec la mise en place du nouveau système politique dirigé par le parti communiste chinois, à partir de l’établissement de la République populaire de Chine. Cela est une très bonne tendance ; notamment actuellement, le développement du réseau d’internet fortifie les interactions entre les paysans et les autorités gouvernementales, et le suivi du gouvernement a été renforcé.

Donc, au niveau politique, la France et la Chine ont des régimes conformes à leur histoire à leurs traditions et à leurs conditions nationales ; et il n’y a pas lieu de chercher si l’un est meilleur que l’autre. Le domaine de l’eau reflète fidèlement tout cela : il en est un véritable miroir : au niveau d’Etat, la France et la Chine ont tous les deux un ministère principal en charge des ressources en eau, avec les autres ministères qui traitent les problèmes de l’eau chacun dans son domaine. Pour la France, c’est le MEDDE qui est responsable en même temps de la conservation de la biodiversité ; ce qui permet une meilleure protection des milieux aquatiques et de la biodiversité dans le cadre de la gestion des ressources en eau. La Chine précise depuis trentaine années que le MWR gère les ressources en eau en général, avec les autres ministères qui traitent les problèmes de l’eau dans leurs domaines respectifs. Par contre le MWR est davantage axé sur les projets et l’exploitation d’ouvrages hydrauliques, la lutte contre la pollution des ressources en eau étant plutôt confiée au MEP, les problèmes d’eau posés par l’urbanisation étant du ressort du ministère de la Construction, etc. Du coup, la situation est relativement compliquée, car les ressources en eau sont de la compétence de beaucoup de ministères différents, ce qui pose des problèmes. Par exemple, le MWR et ses bureaux locaux surveillent la qualité de l’eau en effectuant des mesures et en faisant les rapports ; le MEP et ses bureaux locaux effectuent des mesures également pour lutter contre la pollution. La coordination de ce double travail entre ces deux ministères se réalise progressivement au cours des dernières années, et ces deux ministères commencent à partager leurs informations. De plus, la Chine ne s’intéresse plus seulement à la qualité de l’eau, mais fait davantage attention à l’importance de la préservation de l’ensemble des milieux aquatiques et de la biodiversité. Donc, afin de mieux protéger et de gérer efficacement les ressources en eau, la situation de co-gouvernance doit être améliorée au niveau concret. Les intérêts intersectoriels doivent être conformes au développement durable des ressources.

Au niveau local, alors que les bureaux municipaux des ressources en eau remplacent graduellement les bureaux municipaux de conservation de l’eau afin d’améliorer le problème précédent, il faut améliorer et élargir davantage le pouvoir de ces bureaux en vue d’une gestion intégrée. Cela ne pourra pas se faire rapidement ; la mise en place complète des bureaux des ressources en eau prendra du temps.

La France et la Chine utilisent à la fois le découpage administratif et celui du bassin hydrographique comme le mode de gestion des ressources en eau ; et dans tous les bassins il y a un comité de bassin (commission de bassin en Chine). Une différence c’est que les commissions de bassin c’est un organe permanent en Chine mais pas en France. Les comités de bassins en France tiennent des réunions régulières (2 fois par an) et ils siègent aux agences de l’eau qui sont permanentes. La composition des comités de bassin dans les deux pays n’est pas la même non plus : en Chine, les membres sont plutôt des fonctionnaires ; en France, le comité de bassin comprend 3 catégories : les représentants des collectivités locales (40%), les représentants des usagers (40%) et les représentants de l’Etat (20%). A ce point de vue là, la Chine pourrait s’inspirer de l’expérience française pour promouvoir la participation et pour prendre des décisions plus concertées.

Sur les principes de la gestion, les deux pays respectent une gestion intégrée et une planification. En France, il y a ainsi le principe de décentralisation au niveau des 6 grands bassins hydrographiques et la participation de l’ensemble des acteurs de l’eau : ce sont de bonnes expériences qui peuvent être adaptées en Chine ; de plus, un changement de mode de gestion y est nécessaire, ce qui permet une redistribution des pouvoirs entre l’Etat et les gouvernements locaux, et le renforcement de la gestion par bassin hydrographique. Actuellement en Chine, la gestion par découpage administratif est plus forte que la gestion par bassin ; c’est pourquoi la Chine est en train de renforcer cette dernière. Certainement, un tel changement doit être assuré par la législation et être mis en pratique.


Référence :
Yishi AN, La France et la Chine : Comparaison du système législatif de la gestion de l’eau, 2012