Les TMS représentent un grave problème de santé au travail.

L’IRNS définit les troubles musculosquelettiques (TMS) comme regroupant une quinzaine de maladies qui affectent les muscles, les tendons et les nerfs des membres et de la colonne vertébrale. Ce sont des pathologies multifactorielles à composante professionnelle. Les TMS s'expriment par de la douleur mais aussi, pour ceux du membre supérieur, par de la raideur, de la maladresse ou une perte de force. Les régions corporelles concernées par les TMS sont principalement les épaules (exemple : tendinopathie de la coiffe des rotateurs), le coude (exemple : épicondylite), les extrémités des membres supérieurs (exemple : syndrome du canal carpien pour le poignet), le cou, et le dos.
En France, un rapport du Conseil économique et social, sur «les nouveaux risques pour la santé des travailleurs», publié en 2004, a évoqué l’idée d'une « épidémie des TMS ».

Selon un sondage publié par l'Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail (Anact), sept salariés sur dix déclarent souffrir d'au moins un TMS lié à leurs conditions de travail.

En effet, il faut savoir que tous les cas de TMS ne sont pas recensés dans les tableaux des maladies professionnelles, ce qui ne facilite pas leur énumération. La communauté scientifique déplore un manque d'outils et de données permettant d'appréhender correctement le phénomène des TMS.

Les TMS constituent ainsi en France la première cause de maladies professionnelles reconnue et leur nombre ne cesse de s'accroître.

Il est indispensable de mettre en évidence les facteurs de risques et d'identifier leurs causes (I) pour pouvoir prévenir le risque d’apparition de TMS (II).

I. Les causes de l’apparition des troubles musculosquelettiques

L’apparition des troubles musculosquelettiques peuvent résulter soient de facteurs biomécaniques (A) soient de facteurs psychosociaux (B).

A. Les facteurs biomécaniques

La biomécanique correspond à l’application des lois de la mécanique aux problèmes de biologie, de physiologie et de médecine (Larousse).

En l’espèce, les principaux facteurs biomécaniques de l’apparition des TMS sont représentés par la répétitivité des gestes, les efforts excessifs, les zones articulaires extrêmes, le travail en position maintenue. Ces facteurs sont déterminés par différentes caractéristiques du travail (aménagement du poste, organisation du travail etc.).

L’organisation du travail détermine ainsi en bonne partie l’intensité des autres facteurs de risque (posture, efforts, répétition).

Les caractéristiques de l’organisation du travail pouvant avoir un impact sur le risque TMS sont par exemple la charge mentale et la cadence, les horaires de travail et les pauses, les changements technologiques, la polyvalence, la pression temporelle.

Le manque de pauses ou d'alternance dans les tâches ainsi qu'une durée de travail excessive sont des facteurs organisationnels qui augmentent le risque de TMS car ils ne permettent pas une récupération suffisante.

B. Les facteurs psychosociaux

Les facteurs psychosociaux sont définis comme l’ensemble des causes organisationnelles et des relations intra et interindividuelles qui peuvent avoir des répercussions sur la santé.
Les facteurs psychosociaux en ce qui concerne les TMS sont principalement caractérisés par le niveau de stress des salariés.

Les effets du stress en relation avec les TMS sont multiples. Le stress a été reconnu comme amplifiant la perception de la douleur et rendant les opérateurs plus sensibles aux facteurs de risque de TMS.

Les caractéristiques du travail déterminantes du niveau de stress peuvent être de plusieurs types tels que le contenu du travail (forte exigence quantitative et qualitative de la tâche), le contexte économique et social de l’entreprise (instabilité des contrats de travail, incertitude sur l’avenir), ou encore l’environnement de travail (ambiance sonore élevée).

La mise en évidence des facteurs de risque permet ensuite d’identifier des pistes de prévention.

II. La prévention des troubles musculosquelettiques

La prévention de la santé et de la sécurité au travail, plus précisément des troubles musculosquelettiques, est encadrée juridiquement (A) permettant la mise en œuvre de celle-ci au sein de l’entreprise (B).

A. L’encadrement juridique de cette prévention

Les TMS sont une priorité pour l'Union européenne dans sa stratégie communautaire sur la santé et la sécurité au travail. Ils sont également une priorité reconnue par les États membres de l'UE et les partenaires sociaux européens.

La directive 89/391 est le texte fondamental qui vise à promouvoir l'amélioration de la santé et de la sécurité au travail. Mais l'on peut citer également :

• la directive 89/654 fixant les prescriptions minimales de sécurité et de santé pour les lieux de travail ;
• la directive 89/655 sur l'utilisation des équipements ;
• la directive 89/656 sur les équipements de protection individuelle ;
• la directive 90/269 concernant la manutention de charges ;
• la directive 90/270 concernant le travail sur écran ;
• la directive 2002/44 sur les risques dus aux agents physiques (vibration).

En France, les TMS sont reconnus dans les tableaux 57, 69, 79, 97 et 98 des maladies professionnelles du régime général et au titre des tableaux 29, 39, 53, 57 et 57 bis du régime agricole. Figurent ainsi dans le tableau 57 la tendinopathie de la coiffe des rotateurs (épaule), l'épicondylite (coude) et le syndrome du canal carpien (poignet).

Le Plan santé travail 2010-2014, mis en place au niveau national par le ministère chargé du Travail, inclut à nouveau la prévention des TMS parmi les 4 axes d’intervention majeurs à développer.

C’est en amont du processus de décisions puis tout au long de son déploiement que l’on peut anticiper les risques et donc les éviter. La lutte contre les TMS doit être adaptée à chaque situation de travail. Cependant, prévenir les TMS n'est pas chose aisée en raison de la complexité du phénomène et de la multitude de situations à analyser.

Autrement dit, la lutte contre les TMS nécessite l'élaboration d'une véritable démarche de prévention qui doit mobiliser tous les acteurs de prévention.

B. La mise en œuvre des mesures de prévention

Le code du travail prévoit une obligation de sécurité de l'employeur vis-à-vis de ses salariés (C. trav., art. L. 4121-1); ainsi que la transcription de l'évaluation des risques professionnels dans le Document unique par celui-ci (C. trav., art. R. 4121-1 et s.).

Tout employeur est garant dans l'entreprise de la santé de ses salariés.

Pour se faire, l'employeur devra prendre en compte la situation globale de travail et non se limiter au seul aménagement physique du poste en :

• recherchant des données sur les salariés touchés ou susceptibles de l'être ;
• appréhendant les sollicitations biomécaniques, organisationnelles, psychosociales expliquant la survenance des TMS ;
• identifiant, pour chaque poste, les facteurs de risque (répétitivité des gestes, effort, vibration, rythme de travail, environnement de travail…), en cherchant pour cela à obtenir des remontées d'informations des opérateurs eux-mêmes et en procédant à l'analyse des postes et de l'environnement de travail.

La participation des salariés, du CHSCT et des experts internes et externes à l’entreprise semble indispensable pour identifier les facteurs de risque et les prévenir. Il est notamment possible de le faire à partir des retours d’expérience des incidents passés, et de faire un questionnement systématique des effets prévisibles des postes opérés sur la santé.

Il est, par ailleurs, possible de prévenir leur apparition avec notamment une intervention ergonomique. L’ergonome pourra dans une situation de travail mettre à jour les facteurs de risque et les déterminants à l'apparition des TMS au travail. Il est également possible de recourir à une manutention mécanique (chariots élévateurs, pont roulant et grue), à une aide mécanique (palonniers, treuils, tables élévatrices, crochets) et enfin prévoir une formation « gestes et postures ».

------------------------------------------------------------
Références :

1. Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (ANACT) : http://www.anact.fr
2. Ministère du travail: http://www.travail.gouv.fr
3. Institut national de recherche et de sécurité (http://www.inrs.fr) : les troubles musculo-squelettiques du membre supérieur – Guide pour les préventeurs (ED 957) ;
4. OREGE, un outil simple d'évaluation des facteurs de risques biomécaniques de TMS du membre supérieur (NS 196) ;
5. TMS : comprendre et agir
6. www.travailler-mieux.gouv.fr/