La France est connue et reconnue pour sa gastronomie et ses délicats mets régionaux qui colorent son territoire. Les consommateurs qu’ils soient français ou étrangers, sont de plus en plus nombreux à se fier aux autocollants et aux macarons qui sont en devanture des restaurants. En effet, les sites internet tels que Tripadvisor ou encore la Fourchette sont les leaders mondiaux dans le conseil aux consommateurs/voyageurs.

Cependant à côté de cette vision gastronomique de la restauration francçaise, selon le principal syndicat du secteur, 80% des restaurateurs utilisent encore des produits industriels, semi-élaborés voire déjà cuisinés. Les restaurateurs sont devenus des revendeurs ou des assembleurs de mets fabriqués en usine et achetés sur catalogue. La cuisine d’assemblage consiste à utiliser principalement des produits semi-élaborés issus de l’industrie agro-alimentaire pour sa production en grande quantité. Selon ces restaurateurs cette cuisine présenterait plusieurs intérêts. Cela permettrait de produire en plus grande quantité et plus rapidement. Les contrôles de l’hygiène serraient plus facile. Il gagnerait en économie de main d’œuvre et en économie d’énergie.
Bien que l’importance donnée aux avis et au bouche à oreille semble prédominant dans le choix du restaurant, la France a ainsi voulu se positionner sur le « fait maison » pour revaloriser à la gastronomie française.

Le décret n° 2014-797 fixe les modalités de mise en œuvre de la mention « fait maison » dans les établissements de restauration commerciale ou de vente à emporter de plats préparés. Le logo relatif à la mention « fait maison » est ainsi défini dans l'arrêté du 11 juillet 2014. Les restaurateurs peuvent faire figurer sur la devanture ou la carte de leur établissement le logo « fait maison », un toit de maison posé sur un casserole, qui est censé garantir une cuisine sur place à partir de « produits bruts ou de produits traditionnels de cuisine ». Ce logo peut également être attribué plat par plat.

Selon les ministres Sylvia Pinel et Benoît Hamon, ministre de l'artisanat et du commerce et ministre de la consommation dans un communiqué commun en date du 29 janvier 2014, cette mention répondraient « à un besoin de transparence et d'information des consommateurs ».

Cette mention identifie les plats élaborés par le cuisinier et valorise ainsi son métier.

Selon le décret, « peuvent entrer dans la composition d'un plat « fait maison » les produits ayant été réceptionnés par le professionnel :
- épluchés (à l'exception des pommes de terre), pelés, tranchés, coupés, découpés, hachés, nettoyés, désossés, dépouillés, décortiqués, taillés, moulus ou broyés,
- fumés, salés,
- réfrigérés, congelés, surgelés, conditionnés sous vide. » C’est cette notion de «produit brut», qui ne s'applique pas qu'aux produits frais, et qui présente le plus grand problème.

Si le décret part initialement d'une bonne intention, ses modalités sont loin d'être convaincantes et loin de faire l'unanimité dans la profession. Des absurdités subsistent et mécontentes nombreux restaurateurs. En effet à terme, pour certains professionnels de la restauration telles que les membres Euro-Toques, le décret va aboutir à décrédibiliser la notion même de "Fait Maison".

En effet, l’article D. 121-13-3 du décret précise qu’un plat composé d’un produit qui ne serait pas fait sur place « peut être présenté comme 'fait maison' dès lors que la marque du produit ou le nom du professionnel qui l'a fabriqué est expressément indiqué ». Un restaurateur pourra donc présenter comme "fait maison" un produit fabriqué ailleurs, uniquement parce qu'il en aura indiqué la provenance.
De plus, une ratatouille élaborée à partir de légumes découpés surgelés pourra donc être considérée comme « faite maison », mais pas des pommes de terre frites surgelées. Cette exception cible tout particulièrement les fast-food qui sont évincés de ce label pour éviter qu’ils ne s’en emparent.


A coté de ce label « fait maison », le label « restaurant de qualité », décerné depuis 2013 par le Collège culinaire de France (CCF), a été instauré pour faire « face à la concurrence des 'commerçants restaurateurs' qui réchauffent des plats industriels » et distinguer « les professionnels pratiquant une restauration de qualité, faite maison ». Le CCF, fondé par 15 chefs français et coprésidé par Alain Ducasse et Joël Robuchon, met sa notoriété, son expérience et son influence au service d’une mise en valeur des restaurants de qualité. La conviction du Collège Culinaire de France est que les règlementations et la législation, si nécessaires soient elles, sont aujourd’hui insuffisantes pour soutenir durablement leur combat. Cela demande une mobilisation qui passe par une envie individuelle des professionnels artisans restaurateurs de partager et de progresser sur des valeurs, des comportements et des pratiques partagés. »

De plus, le label « Restaurateurs de France », reconnu par l'Etat et créé par les restaurateurs, est, lui, « un gage de confiance et de transparence pour tous ceux qui souhaitent retrouver le goût de la cuisine française ». Une charte de qualité est ainsi validée par 105 points qui sont contrôlés par un organisme indépendant.

La définition très large des produits pouvant prétendre au label « fait maison » est critiquée par certains professionnels, qui auraient préféré que soient mieux identifiés les produits frais et de saison et dénoncent une victoire du lobby de l'agroalimentaire, et notamment celui des produits surgelés.


Dans les prochains jours, les restaurateurs recevront un kit explicatif pour la mise en place du logo «fait maison». Les professionnels ont jusqu'au 1er janvier 2015 pour se mettre en conformité avec la nouvelle législation. Au delà de cette date, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes effectuera des contrôles. Tout contrevenant au décret sera passible des « sanctions prévues par le Code de la consommation en matière de tromperie et de publicité mensongère ou de nature à induire en erreur le consommateur », indique le ministère de l'économie. Ainsi, selon l’article L121-6 du code pénal « les pratiques commerciales trompeuses sont punies d'un emprisonnement de deux ans et d'une amende de 300 000 €. » L’article L213-1 du code pénal énonce que « sera puni d'un emprisonnement de deux ans au plus et d'une amende de 300 000 euros quiconque, qu'il soit ou non partie au contrat, aura trompé ou tenté de tromper le contractant, par quelque moyen ou procédé que ce soit. »