
Le secteur bancaire séduit par les obligations vertes
Par Mohamed BADJI
Juriste financier/affaires- Charge de Business Development Banques SSA
Posté le: 29/07/2014 17:42
L'intérêt pour les «obligations vertes» se généralise. Déjà fréquent dans les secteurs de l'énergie , comme l'ont illustré EDF ou GDF Suez qui a signé une belle performance sur le marché des green bonds.
GDF Suez a clôturé une émission duale de titres destinés à financer des projets luttant contre le réchauffement climatique. Le carnet d'ordres s'élevait à plus de 6 milliards d'euros, le groupe français a en conséquence pu lever un montant total record sur ce type d'opérations de 2,5 milliards d'euros.
GDF Suez s'est engagé à utiliser les fonds pour investir dans des projets définis et à établir un bilan annuel de ses investissements, qui devront également remplir un certain nombre de critères environnementaux et sociaux.
Une aubaine pour les investisseurs assureurs ou sociétés de gestion détenant une gamme de fonds ISR (Investissement Socialement Responsable). Les titres ont ainsi attiré des investisseurs français, allemands, britanniques, mais aussi scandinaves.
Dans la même perspective la Région Ile-de-France a émis 600 millions d'euros d'obligations vertes à 12 ans de maturité. Autour de 13 milliards d'euros déjà à cette époque de l'année, les émissions totales réalisées depuis le début de l'année dépassent ainsi déjà les 11 milliards levés sur 2013.
Avant ce coup de maitre de GDF Suez, c'est EDF qui détenait le record avec son émission de 1,4 milliard réalisée en novembre dernier. Preuve selon laquelle les champions énergétiques français sont très investis sur les projets qui savent attirer les ISR.
Le secteur bancaire adopte à son tour les «green bonds».
La première émission de Lloyds Banking Group, a rencontré un franc succès. Selon le britannique, la demande représentait 150% du montant de l'opération, fixé à 250 millions de livres sterling.
La demande était essentiellement constituée du monde de l'ISR et des critères environnementaux à savoir banques privées, institutionnels et autres gestionnaires de fortune, sociaux et de gouvernance, a permis à l'émetteur de resserrer la marge à 110 points de base au-dessus des emprunts d'Etat.
Ce type d'émission permet aux banques d'accéder à de nouvelles catégories d'investisseurs plus éthiques, ce qui contribue à diversifier leurs sources de financement.
Les bénéficiaires seront des PME, ainsi que des microprojets qui se consacrent aux énergies renouvelables.
Selon la banque Barclays, les émissions ont atteint 18 milliards de dollars à travers le monde au premier semestre, contre 11 milliards pour l'ensemble de l'année 2013.
D'ailleurs la Climate Bond Initiative prévoit qu'entre 30 et 40 milliards de dollars seront émis en 2014, et que le marché pourrait atteindre les 100 milliards l'année prochaine.
Les fonds labellisés « ISR » représentent pour environ 5 % des actifs sous gestion français avec un encours, à fin 2013, de 169,7 milliards d’euros.
Axa Investment Managers (Axa IM) soutenait dans un rapport que les grands clients étaient de plus en plus nombreux à demander le suivi et l’évaluation des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de leurs portefeuilles.
Les investisseurs attachent une importance croissante à la manière dont les facteurs ESG affectent leurs rendements sur le long terme.
Acteur français de longue date sur le segment de l’ISR, Amundi annonçait en octobre 2013 la volonté de faire croître ses actifs socialement responsables de 66 milliards à 100 milliards d’ici à fin 2015.
En plus du renforcement des processus d’investissement responsable appliqués aux actions, aux obligations et à la gestion solidaire, ont été mis en place des fonds infrastructures qui permettent de soutenir des projets responsables (éolien, solaire, biomasse…)
Tous les acteurs attendent l'intervention du gouvernement en place qui selon Les Echos "devrait annoncer le lancement d'une consultation pour la création d'un label ISR commun à l'ensemble du marché, qui pourrait ensuite être lancé officiellement à l'automne".
Vive les billets verts !
Sources : Agefi, Les Echos, FT