Les abeilles sont en perdition et nous sommes en grande partie responsables de leur disparition. Mais que nous apporte vraiment cet insecte anodin qui butine nos prairies et nos jardinières ?

Il faut savoir que le petit peuple des pollinisateurs comme on pourrait les appeler est l’acteur de notre quotidien et nous ravitaille au fil des saisons. En effet, 35% de nos ressources alimentaires dépendent des insectes dont 80% sont des abeilles. Sans abeilles, notre régime alimentaire deviendrait ainsi très monotone. Les pollinisateurs influent fortement sur la biodiversité végétale et inversement. Nos écosystèmes ou jardins présentent la plus grande diversité de plantes entre autre grâce à ces pollinisateurs. Dans la pire des hypothèses, en dehors des céréales et du riz, il ne resterait plus grand chose pour ravir nos papilles et participer à notre équilibre alimentaire.

Cependant, globalement les abeilles sont en régression sur toute la planète et cela s’explique fortement par l’industrialisation et l’agriculture intensive des pays de l’hémisphère nord.

Il est à noter que la santé des abeilles est liée à divers facteurs de nature différentes - bactérienne, virale, parasitique - à la prolifération d’espèces envahissantes et aux altérations de l’environnement. L’utilisation des pesticides dans l’agriculture figure également parmi les facteurs à prendre en compte, car ils jouent un rôle sur la détérioration de la santé des abeilles. La diminution de la biodiversité est liée entre autres à la mauvaise santé des abeilles. Ainsi, le changement d’affectation des sols et l’intensification mal gérée de leur utilisation, la disparition des pratiques agricoles et sylvicoles traditionnelles, l’appauvrissement et la fragmentation de l’habitat, la pollution et les agents pathogènes comptent comme des causes directes et des facteurs susceptibles d’expliquer cette tendance.

En France, un tiers des colonies disparaissent chaque année, d'après les experts. Si des mesures ont été prises contre certains pesticides, les apiculteurs estiment qu'elles sont largement insuffisantes et que le rôle joué par ces produits dans la disparition des insectes est sous-estimé.

En Chine, ce sont les hommes qui font le travail des pollinisateurs. Ce phénomène semble absurde mais ce changement radical s’explique par le fait que les abeilles disparaissent de plus en plus en raison des pesticides des champs voisins. Étant donné que la pollinisation est essentielle pour la reproduction de la flore et par déduction de la faune, les hommes et les femmes chinoises ont revêtu leur habit d’apiculteur pour remplacer ces petits insectes.

Protéger la santé des abeilles de façon proactive, en prenant en considération les particularités de l’apiculture, les différents acteurs impliqués ainsi que les principes de proportionnalité et de subsidiarité est ainsi devenu une des priorités de l’Union Européenne.

La directive 92/65/CEE du Conseil du 13 juillet 1992, définissant les conditions de police sanitaire régissant les échanges et les importations dans la Communauté d’animaux, prévoit une certification et des exigences sanitaires en ce qui concerne les mouvements d’abeilles entre les États membres. Ces exigences visent à prévenir et à contrôler un certain nombre de maladies des abeilles. Il y a donc une obligation de notification des potentielles maladies, pour que les États membres puissent agir immédiatement en cas d’épidémie.

Une stratégie concernant la santé animale pour l’Union européenne nommée «Mieux vaut prévenir que guérir» a été adoptée en 2007 et suivie en 2008 par un plan d’action s’articulant autour de quatre piliers.
Tout d’abord le premier pilier donne une définition des priorités d’intervention de l’UE. Une modernisation du cadre de la santé animale de l’UE est balayée dans le deuxième pilier. Le troisième pilier s’ancre sur une amélioration de la prévention et sur la préparation aux crises. Le dernier pilier concerne la science, l’innovation et la recherche. L’objectif était de sensibiliser et d’exposer les principaux problèmes liés à la santé des abeilles et les actions clés que la Commission a l’intention de mener pour les résoudre.


Le règlement européen du 14 juin 2011 n°91/414 relatif à la mise sur le marché des produits phytosanitaires a quelques peu changé le monde des abeilles. Ce nouveau règlement a été un tournant en matière de reconnaissance mutuelle des spécialistes entre Etats membres. Cependant, les critères d’homologation des substances actives ont été renforcés et tendent vers de plus en plus de restrictions. En effet depuis 1991, la Commission européenne, via des directives et des règlements, et notamment le « paquet pesticides », tente de maintenir un juste équilibre pour une harmonisation des substances actives admissibles. En effet, la Commission est véritablement soucieuse de maitriser les impacts potentiels des produits phytosanitaires sur la santé humaine et sur l’environnement et ainsi d’assurer une alimentation de qualité, accessible à tous, grâce à la protection des cultures.
Les substances actives préoccupantes feront l’objet d’une évaluation comparative qui conduira à la substitution par des alternatives moins nocives. Il y a eu une réelle harmonisation sur la disponibilité des produits phytosanitaires au sein des différents Etats membres. Le progrès et l’innovation sont les moteurs phares de la Commission. Pour cette dernière une transparence du secteur des pesticides doit être assurer avant tout.

Une proposition de résolution en application de l'article 34-1 de la Constitution, relative à la préservation des insectes pollinisateurs, de l'environnement et de la santé et à un moratoire sur les pesticides de la famille des néonicotinoïdes, a été déposée au Sénat le 19 juin 2014. Ainsi, 173 parlementaires de toutes les familles politiques s’engagent et proposent une résolution relative à la préservation des insectes pollinisateurs, de l’environnement et de la santé. Un moratoire européen sur tous les pesticides néonicotinoïdes est demandé. Cette résolution invite ainsi le gouvernement français à agir auprès de l’Union européenne pour une interdiction de toutes les utilisations des insecticides néonicotinoïdes neurotoxiques : les risques graves sur la santé animale et l’environnement sont avérés et ceux pour la santé humaine ne sont pas écartés. Le néonicotinoïde est un produit présent sur le marché français depuis 1994. Dans un règlement d'exécution n° 485/2013 du 24 mai 2013, la Commission européenne a restreint l'utilisation de trois substances actives de la famille des néonicotinoïdes : la clothianidine, le thiaméthoxam et l'imidaclopride. La décision est intervenue à la suite de plusieurs avis de l'Agence Européenne de Sécurité des Aliments, constatant les risques aigus élevés de l'utilisation de ces substances pour les abeilles, et établissant un certain nombre de données lacunaires en particulier en ce qui concerne l'évaluation des risques à long terme de l'utilisation de ces substances pour les abeilles.

La décision du gouvernement français est attendue avec impatience pour avoir une vision plus claire de la survie des abeilles, de la survie de notre écosystème et de la conservation de notre chaine alimentaire toute entière.