Le respect de l’environnement, la préservation des ressources, la mise en valeur d’activités, et de rejets moins polluants sont des objectifs politiques mis en place pour pallier à une pollution grandissante. Si la réduction des rejets mène à une préservation des ressources, la gestion des déchets est un des principaux enjeux des politiques internationales environnementales.

Il nous a été donné de constater que la vaste concentration de déchets plastiques dans certaines zones océaniques, mais aussi dans les lacs, rivières et mers, met le doigt sur une des grandes failles de la gestion des déchets à l’échelle internationale.

A titre indicatif, la revue scientifique « Marine Pollution Bulletin » a donné le résultat d’une étude qui a été réalisée dans la Mer Méditerranée en annonçant une mesure de 115 000 micros déchets (avec des piques jusqu’à 892 000) par kilomètre carré. Cette pollution peut être observée jusqu’à trente mètres de profondeur dans les plus grandes eaux, ce qui démontre l’énorme impact qu’il peut y avoir sur les espèces animales qui vivent autour de ces eaux, et par voies de conséquences sur l’homme.

Les idées audacieuses de certains pour réduire ces pollutions ne seront pas suivies d’effet sans une large adhésion d’un maximum de communautés, ou au moins de pays et unions internationales les plus influents comme le G20, l’Union Européenne, ou encore l’ONU.



1 – L’ambitieux projet de nettoyage des océans d’un lycéen



L’idée de Boyan Slat, un lycéen néerlandais de nettoyer les océans de leur plastique aura au moins poussé certains acteurs à se mobiliser autour de la question de la gestion de ces déchets qui s’accumulent au fil des rejets de l’homme.

Ce projet scolaire intitulé « The Ocean Clean Up » était le fruit d’une longue réflexion sur la meilleure façon pour récolter les déchets principalement les tonnes de plastique qui encombrent nos océans. Le lycéen a eu l’idée de mettre en place des barrages flottants qui permettent de récolter les déchets récupérés par un catalyseur. Placés à des points stratégiques, ces barrages devraient aboutir à une réduction significative des déchets en l’espace d’un an. L’accent a également été mis sur la réduction des atteintes à l’environnement puisque ce dispositif devrait être autonome grâce à l’usage de l’énergie de panneaux solaires, mais aussi par des dispositifs qui ne nuisent pas à l’écosystème marin (absence de filets).



2 – Des océans, aux mers, aux lacs et rivières : une pollution généralisée.



Les détracteurs du projet « Ocean Clean Up » estiment qu’il est peu probable de parvenir à retirer la majorité de ces déchets plastiques qui, avec les années et les courants, sont devenus des particules d’une taille souvent inférieures à 5mm.

En effet de récentes études ont montré que les années d’errance du plastique sous toutes formes l’ont transformé en passant de sa forme la plus communément connue (sachets plastiques, bouteilles, bidons) en des particules inférieures à 5mm. Le résultat de ces études a été obtenu suite à aux expéditions « 7ème continent » réalisées en collaboration avec une école d’ingénieur de Toulouse (l’ICAM), et le Centre Nationale d’études spatiales dans les océans Pacifique et Atlantique. Chacune de ces zones de plastiques est née des courants et des vents marins. Il a été observé une densité de plastique telle qu’elle dépasse par trois fois celle du plancton dans les eaux.

La grave pollution des océans mise en évidence par le jeune Boyan Slat et par des études telles que celles suivant les expéditions « 7ème océan » vient compléter la pollution de lacs et de rivières qui sont déjà plus connues. Il existe en effet de nombreuses pollutions provenant des espaces urbains qui sont observées dans de nombreux pays. Dans les pays les plus pauvres les pollutions sont parfois dues à l’absence d’entretien des canalisations ou encore à l’absence de voiries ; toutefois les pays les plus riches sont aussi touchés par ce phénomène.

Des études récentes portant sur la pollution de certains lacs et rivières des Etats-Unis ont pu démontrer que ceux-ci seraient plus pollués que les quantités de pollutions relevées dans les cinq « soupes de plastique ».



3 – Le plastique disparaîtrait.



Selon de nombreuses expertises de scientifiques (celle du centre supérieur de la recherche d’Espagne par exemple), Il semble qu’aujourd’hui il y ait un véritable mystère autour du plastique de ce dit septième continent.

En effet seules 10 à 35000 tonnes de déchets plastiques flotteraient encore à la surface des océans. Les chercheurs ayant parcouru de nombreux océans pour mesurer la concentration de plastique ont découvert qu’au lieu des millions de tonnes de déchets qui devraient s’y trouver, seules 7 à 35000 tonnes de déchets plastiques seraient à la surface des océans.

Comment l’expliquer ?

Selon les scientifiques 88% de la surface des océans seraient pollués par de micros fragments de plastique car ce dernier aurait été délité par les radiations solaires. Par ailleurs il semblerait que les déchets les plus lourds auraient coulé au fond des océans modifiant certainement encore durablement cet écosystème.

Quand Le plastique retourne dans nos assiettes.

Une grande partie donc des morceaux de plastique de moins de 5 mn aurait disparu à ce jour. Le plastique à la surface de l’eau serait composé de micros particules et serait ingéré inexorablement par les petits poissons. Il faudrait à ce propos s’interroger sur l’absorption des toxines issus de ces plastiques et leur impact sur les poissons et au bout de la chaîne alimentaire, sur l’homme.

La dangerosité d’une pollution invisible : microparticules et composants polluants du plastique semble être aujourd’hui une réalité.

La dégradation de ces déchets plastiques a et aura certainement des conséquences néfastes pour lesquels des mesures sont difficilement quantifiables aujourd’hui. La dégradation proprement dite du déchet plastique constitue une pollution qui n’est pas traitée, contrairement aux eaux urbaines qui font l’objet de certains contrôles et filtrages.

Le projet de Boyan Slat semble limité à la récolte de déchets à la surface des océans, sans prise en compte de ceux des fonds marins. A ce sujet, la connaissance exacte de l’atteinte environnementale est difficilement calculable car les animaux ingèrent une partie du plastique, et surtout à cause de l’immensité de ces fonds. Il semble donc difficile de quantifier et de localiser les principales atteintes aux fonds marins avant de les dépolluer.

Aujourd’hui il n’est question nulle part non plus de récupérer les microparticules de plastiques ni même les composants du plastique (polyester, polycarbonate, polypropylène, polyéthylène,…) ou encore les substances et produits contenues dans les éléments en plastique (produits cosmétiques dans des flacons) qui se mélangent aux eaux et les polluent. A cet égard, il est à déplorer un nombre croissant d’atteintes causées par les produits cosmétiques composés dérivés de plastiques ou pas, qui n’ont pas été filtrés par les réseaux d’assainissement et donc reversés dans la nature (dentifrices, crèmes de beauté, mais aussi les produits de nettoyages ou autres insecticides.



4 - Qu’en est-il de la gestion des déchets en droit international ?



L’impossibilité d’identification des pollueurs devrait avoir pour conséquence de faire intervenir les Etats pour dépolluer les « océans de soupe de plastique », car mis à part quelques cas particuliers, il semble difficile d’appliquer le principe du pollueur-payeur adopté en 1972 par l’Organisation de coopération et de développement économique.

Les eaux internationales ne comprennent pas encore de législation qui contraignent et punissent les pollueurs de ce type de déchets. Equivalent à des zones de non-droit, ces parties de nos océans nécessitent la mise en place de mesures aussi importantes que celles qui ont pu être prise pour les réductions des gaz à effet de serre (bilan carbone, taxe sur les émissions de CO²,… ) ou encore le suivi et la gestion des activités industrielles très polluantes (Directives Européenne Seveso) ..

Il est à noter qu’aux Etats Unis la loi de 1972 sur l’immersion des déchets en mer permet une immersion des boues d’épurations des déchets radioactifs ou autres déchets industriels, avec un pouvoir de surveillance de l’Environnemental Protection Agency (EPA). Le droit européen, quant à lui, porte sur le contrôle et la réduction des pollutions marines dans le nord-est de l’océan Atlantique et dans la mer Méditerranée avec trois conventions ; celles d’Oslo, de Barcelone et de Paris. La directive-cadre sur l’eau de 2000 a fixé des objectifs d’atteinte d’un bon état des eaux en 2015 grâce à l’arrêt des rejets de déchets en mer. Suite à cette directive, la France a lancé une première action nationale de recherche et réduction des rejets de substances dangereuses dans les eaux en 2002. Cette action concernait toutes les installations polluantes que sont les classées pour la protection de l’environnement au titre du régime de l’autorisation ou d’un seuil Seveso.

Toutes ces législations semblent cependant encore peu contraignantes, au vue de l’importance des pollutions actuelles des eaux qui bordent l’espace européen, et l’ensemble des états américains.

La possibilité pour les juridictions européennes d’appliquer le principe de précaution et de mettre en place une responsabilité sans faute pour élargir le champ des responsables potentiels de pollutions en cas d’atteinte à l’homme ou à l’environnement, semble s’imposer aujourd’hui.

Cela devrait être un bon moyen pour faire valoir le principe du pollueur-payeur mais aussi pour responsabiliser les fabriquant qui pourraient dans certains cas être inquiétés.

Au-delà des législations et juridictions locales propres à chaque pays ou ensemble, il est patent que la dégradation de l’environnement maritime ne cessera tant qu’une législation internationale mettant en place des modalités de gestion de ces déchets, et de punition des pollueurs ne sera point mise en place ; le plastique prenant plusieurs centaines d’années pour se dégrader


Aujourd’hui force est de constater que les sacs plastiques sont de plus en plus prohibés et sont de moins en moins distribués et disponibles dans nos grandes surfaces. Alors peut être que tout espoir de juguler cette pollution n’est pas perdu ?




SOURCES :

http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/1_CONTEXTE_RSDE.pdf
http://www.natura-sciences.com/pollution/plastique-pollution
http://www.sudouest.fr/2014/05/05/expedition-au-coeur-du-septieme-continent-ces-amas-de-plastique-au-milieu-de-l-ocean-1544411-706.php
http://www.consoglobe.com/continent-de-plastique-ocean-pacifique-cg
http://www.septiemecontinent.com/expedition-pacifique-juin-2013/
http://www.firmm.org/fr/news/article/items/les-dechets-plastique-dans-les-oceans
http://inspirationdunjour.fr/le-septieme-continent-2/
http://blog.surf-prevention.com/2014/06/14/ocean-clean-up-plastique-ocean/
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/1_CONTEXTE_RSDE.pdf
http://www.laveritesurlescosmetiques.com/themen2013_14.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9chet_en_mer#L.C3.A9gislation