Le 11 mars 2011, à 14h46, un séisme de magnitude 9,0 se produit à environ 100 kilomètres des côtes japonaises. Au niveau de la station Fukushima Daiichi qui se situe en bordure du Pacifique, le séisme provoque l’arrêt automatique des trois réacteurs sur six qui étaient en puissance lors de l’accident, ainsi que la perte des alimentations électriques externes de la centrale. Dix minutes plus tard, le tsunami arrive sur la côte de Fukushima ce qui provoque la perte totale de la source froide c’est-à-dire des systèmes de refroidissement des réacteurs. C’est ce défaut de refroidissement qui a généré la fusion partielle des cœurs de trois réacteurs, provoquant par la suite des rejets radioactifs.

Plus de trois ans après la catastrophe nucléaire, la situation n’est toujours pas stabilisée. Depuis l’accident, les réacteurs touchés (les réacteurs 1, 2 et 3) sont arrosés en permanence afin d’être maintenus à une température inférieure à 50 degrés. La compagnie japonaise Tokyo Electric Power (Tepco), exploitante de la centrale nucléaire, injecte chaque jour 350 m3 d’eau dans les réacteurs.

Or, une partie de cette eau s’échappe des structures fissurées de la centrale et s’infiltre dans le sol. On estime aujourd’hui que se trouvent dans les sous-sols de la centrale plus de 90 000 tonnes d’eau contaminée. Cette eau radioactive est en partie pompée, à hauteur de 750 m3 par jour. Ensuite, 350 m3 de cette eau pompée est traitée puis réintroduite dans le circuit de refroidissement, mais le reste est stocké dans des grands réservoirs. Pour pouvoir emmagasiner toute l’eau contaminée, Tepco doit construire un nouveau réservoir toutes les 60 heures, ce qui représente 20 à 40 nouveaux réservoirs par mois. 430 000 tonnes d’eau sont actuellement stockées dans ces réservoirs de fortune. Certains de ces réservoirs construits à la va-vite présentent des défaillances et certains présent également des futies. Ces fuites présentent un danger direct pour les 3000 ouvriers exposés, ainsi que pour l’océan pacifique dans lequel 300 m3 d’eau contaminée s’écoulent chaque jour. La menace radioactive reste pour le moment localisée, mais les conséquences à long terme de ces écoulements dans l’environnement restent toujours inconnues.

Le 10 juin 2014 la société Tepco a encore annoncé qu’un de ses robots, envoyé du 27 au 30 mai 2014 dans le réacteur n° 1, mis hors service par le tsunami, a identifié une fuite d’eau radioactive. Il est estimé qu’il s’en échappe entre 0,75 et 1,5 tonne d’eau par heure.

Le problème des fuites provenant de la centrale mis à part, la contamination concerne également de l’eau saine provenant des collines alentours, passant sous la centrale et se mélangeant avec l’eau radioactive échappée de la centrale.

Depuis avril 2014, l’entreprise Tepco a commencé à pomper l’eau souterraine en amont, pour éviter qu’elle n’atteigne les sous-sols de la centrale. Cette eau est ensuite analysée puis rejetée dans l’océan Pacifique. Toutefois, cette solution ne permet de traiter qu’une petite partie de l’eau concernée et est fortement critiquée par les organisations de protection de l’environnement et par les pêcheurs.

Afin de pallier à cette urgence écologique et sanitaire, une autre mesure envisagée par la société Tepco a été validée, le lundi 26 mai, par l’Autorité de sûreté nucléaire japonaise. Il s’agit de la construction d’un mur de glace souterrain constitué de plus de 1000 puits verticaux d’une longueur de 1,5 kilomètre. Un réseau pipelines permettant le transport de fluides réfrigérants entre – 30 et – 40 degrés, plongeant jusqu’à 40 mètres de profondeur.

La finalité de la construction permettrait, sans pouvoir empêcher les fuites au sein même de la centrale, de bloquer l’eau saine provenant de l’extérieur de la centrale afin d’éviter qu’elle se mélange à l’eau contaminée.

La méthode du « mur de glace » existe depuis le milieu du 19e siècle. Elle était employée pour consolider des installations minières et a encore été utilisée récemment pour la construction de tunnels de métro. Toutefois, cette technique n’a jamais été employée sur un chantier d’une telle ampleur.

Les détracteurs du projet, dont notamment les associations protectrices de l’environnement dénoncent la colossale dépense énergétique résultant du maintien en condition de ce mur de glace.

Quant à l’Autorité de sûreté nucléaire japonaise qui a d’abord bloqué le projet en raison du manque de connaissances concernant sa sureté et son efficacité a fini par donner son assentiment, à défaut d’objection majeure au chantier qui semble être la seule solution possible actuellement au vu de l’urgence de la situation.