Le secteur de la protection des cultures par des alternatives à la chimie de synthèse pèse peu mais jouit d’une excellente vitalité et d’un futur plus que prometteur. Il consiste à réduire l’usage de produits chimiques (pesticides, herbicides, fongicides) et doper les productions végétales en utilisant des produits naturels dits de biocontrôle. C’est une technique qui consiste à se débarrasser d’animaux ou de plantes qui parasitent les cultures en les faisant dévorer par leurs prédateurs naturels.
Par exemple des coccinelles pour dévorer les pucerons ou encore des trichogrammes pour lutter contre la pyrale du maïs (un papillon dont les larves forent les tiges et les feuilles de ce type de culture).
On distingue 4 principaux types d’agents de bio-contrôle :
- Les macro-organismes auxiliaires (ou l’agresseur agressé) sont des invertébrés, insectes, acariens ou nématodes utilisés de façon raisonnée pour protéger les cultures contre les attaques des bio-agresseurs.
- Les micro-organismes (ou l’agresseur maîtrisé) sont des champignons, bactéries et virus utilisés pour protéger les cultures contre les ravageurs et les maladies ou stimuler la vitalité des plantes.
- Les médiateurs chimiques comprennent les phéromones d’insectes et les kairomones. Ils permettent le suivi des vols des insectes ravageurs et le contrôle des populations d’insectes par la méthode de confusion sexuelle et le piégeage.
- Les substances naturelles utilisées comme produits de bio-contrôle sont composées de substances présentes dans le milieu naturel et peuvent être d’origine végétale, animale ou minérale.
Le secteur est essentiellement constitué de PME et connait une croissance annuelle de 15 à 20% et évalué à 1,6 milliards de dollars au niveau mondial.
IBMA (International Biocontrol Manufacturers' Association), l’Association française des producteurs de produits de biocontrôle est la structure qui les fédère. Elle regroupe un ensemble de PME mais aussi quelques noms connus de l’industrie de l’agrochimie comme Bayer ou Sygenta qui rachètent les PME de ce secteur pour développer leur activité dans cette niche.
L’agriculteur aujourd’hui devient de plus en plus un agronome. Face au réveil des consommateurs sur tous les aspects de la culture des produits qu’ils achètent, l’utilisation des biocontrôles s’inscrit dans le cadre d’une démarche de production avec le moins de substances chimiques.
Une culture plus « naturelle » plus responsable et respectueuse de l’environnement s’impose dans les débats même si dans la réalité du marché elle ne fait guère l’unanimité.
On entre dans le concept d’ « agroécologie » défendu par l’actuel ministre de l’agriculture dans le projet de loi d’avenir agricole. Parmi les mesures défendues :
- La publicité des produits de biocontrôle devrait être exonérée de toute restriction à la différence des équivalents chimiques
- Un guichet spécifique à l’ANSES, qui conduira à une plus rapide autorisation et homologation
- Attirer les investissements étrangers dans le secteur
- Une fiscalité « verte » avantageuse
Avant ce projet, le Grenelle de l’environnement avait mis en place le plan Ecophyto 2018 visant à réduire de 50% l’usage de pesticides dans un délai de 10 ans. L’article 17 du plan fait référence à l’utilisation d’intrants favorables à la diminution des pesticides chimiques notamment les bio-contrôles. L’objectif ne sera selon les professionnels du secteur, d’où ce nouveau projet de loi à l’étude.
Dans la vigne et l’arboriculture le biocontrôle couvre 100% des besoins de protection mais en ce qui concerne les grandes cultures le secteur est encore en quête de solutions qui ne tarderont pas.
Dans le marché des parcs et jardins une loi récente interdit l’utilisation de phytosanitaires à partir de 2020 et de 2022. Le secteur des biocontrôle pesant actuellement moins de 5% du marché de la protection des plantes, sa part dans les cinq prochaines années est appelée à exploser faisant réagir les plus gros acteurs.
En 2012 l’allemand Bayer achète Agraquest spécialiste des pesticides biologiques. BASF allemand aussi, s’est offert Becker Underwood qui produit et vend des technologies de semences enrobées de micro-organismes. Décembre 2013 Monsanto s’allie à Novozymes n° 1 des enzymes alimentaires et industrielles.
En France le marché s’articule autour de ces principaux acteurs des technologies bio variées.
Dans les macro-organismes, Biotop (80 salariés), en Anjou, produit des coccinelles pour éliminer les pucerons. A Landerneau (Finistère), le GIE Lacroix cultive des syrphes, des insectes qui permettent de venir à bout des mouches dans les cultures sous serre. Dans le domaine des micro-organismes, Agrauxine (60 salariés), en Anjou, produit des champignons contre l'esca, une des plus anciennes maladies de la vigne. Dans le Nord, Belchim fournit du contans qui permet d'éradiquer le Sclerotinia sclerotiorum, un ver qui s'attaque aux racines des plans de colza. En Touraine, Somycel (10 salariés), fournit des levures utilisées dans la protection des forêts.
Dans le secteur du biocontrôle à base de substances naturelles, Goëmar (80 personnes, 30 millions de chiffre d'affaires) utilise les algues pour produire des vaccins protecteurs. Pour les plantes. SBM Développement (30 personnes), à Marseille, travaille sur les extraits naturels et s'est positionné sur le marché des jardins. NPP (30 personnes), près de Pau, produit des solutions de biocontrôle à base d'huiles essentielles. Cette société s'est diversifiée dans le biocontrôle à base de phéromones, des substances émises par les plantes ou les animaux et détournées pour protéger les plantes. M2I (10 millions de chiffre d'affaires), à Toulouse, est également sur ce créneau.
Les PME françaises sont jugées appétissantes par les investisseurs, le fonds Permira vient de racheter Goëmar et Agrauxine par le français Lesaffre numéro 1 mondial de la levure.
Il faudrait cependant se méfier que les grosses machines de l’industrie phagocytent cette concurrence nouvelle pour la noyer.




Sources :

- http://www.ibmafrance.com/
- http://agriculture.gouv.fr
- Les Echos
- Pesticides, agriculture et environnement Réduire l'utilisation des pesticides et en limiter les impacts environnementaux, Rapport d'expertise INRA et Cemagref pour MEDD