Le sable est omniprésent dans notre quotidien de manière discrète. On le trouve dans le verre, le vin, la laque pour cheveux, les minéraux stratégiques, il est la base des microprocesseurs indispensable à nos sociétés hyper-connectées, dans les moyens de transports on le trouve par exemple dans les pneus et l'alliage des avions et dans bien d'autres endroits.

Cependant le secteur qui consomme le plus de sable est la construction. Chaque kilomètre d'autoroute engloutit trente mille tonnes de sable, douze millions de tonnes pour une centrale nucléaire.
L'invention du béton armé dont il constitue l'essentiel, qui peut supporter des efforts de compression importants a ouvert des possibilités techniques et accéléré le secteur du Bâtiment et Travaux Publics (BTP).

Quinze milliards de tonnes de sable sont utilisés par an. C'est la ressource la plus utilisée après l'eau et l'air.

L'exploitation du sable des rivières cause d'importantes crues, les carrières de sable à ciel ouvert font l'objet de réhabilitation pour la plupart.

Désormais l'appétit en sable se tourne vers les fonds marins. Les entreprises qui vendent du sable investissent dans des cargos de dragage coûtant de vingt à cent cinquante millions d'euros pour draguer les fonds marins de toute la planète.

On part du principe que le sable est gratuit et abondant donc on exploite sans penser aux conséquences.

Ce sable va nourrir les projets immobiliers de villes voraces en matériaux de construction comme Dubaï mais aussi le remblayage qui est une manière de fabriquer des îles artificielles ou gagner de l'espace sur la mer comme à Singapour.

Les Pays du golfe sont de grands importateurs de sable avant les pays émergents qui sont en pleine construction. Pourquoi si les premiers vivent dans désert ? La raison est que ce sable est une richesse inutile, il ne s'agrège pas car les grains sont trop lisses donc est impropre à la construction.
On peut contrairement à ce que dit une expression populaire "vendre du sable au bédouin".

Le volume des échanges internationaux de sable s'élève à environ 50 milliards d'euros par an. Ce commerce a acquis une valeur minière importante.

Cette surexploitation du sable marin cause une perte des organismes vivant dans les fonds marins. Or les espèces des fonds marins sont la source d'alimentation des colonnes d'eau supérieures, en somme le sable est un élément de subsistance de l'écosystème marin.

En plus les machines d'extraction troublent l'eau et mettent en suspension des polluants que sont les métaux lourds.

Les espèces vivant sur le récif corallien sont exterminées ainsi que les poissons qui s'en nourrissent sur la colonne d'eau supérieure. En réaction en chaîne les pêcheurs traditionnels en font les frais.

Comme réaction supplémentaire de l'environnement on constate la disparition de certaines îles en Indonésie. Draguer le sable noie les petites îles car le sable qui les forme comble les fonds marins prélevés. 25 îles indonésiennes ont disparu car leurs fonds marins ont nourri l'ogre en sable qu'est Singapour qui tente de gagner du terrain sur la mer.

Conséquence, les pays qui lui sont limitrophes à savoir la Malaisie, le Vietnam et le Cambodge interdisent désormais de lui vendre du sable et qu'on exploite le sable de leurs côtes, laissant place à un immense trafic de sable.

On parle d'un pillage du sable, les pays se défendant de plus en plus en interdisant l'exploitation sur leurs côtés pour préserver les plages, le trafic illégal de sable se développe.
Au Maroc par exemple 40 à 45% du sable volé provient des plages, conduisant à un désastre écologique et économique pour l'industrie hôtelière.
Les plages disparaissent ou reculent car l'océan reprend le sable qu'on lui prend sur les terres, on assiste à une érosion de la terre. En Floride par exemple 9 plages sur 10 sont en voie de disparition, lorsqu'on sait que le tiers du PIB de cet État vient de ces plages, la question du sable devient une priorité. La surexploitation ne touche plus seulement l'environnement mais l'économie directement. L'Etat comme en Californie pratique le remblayage qui coûte des millions de dollars. En France on connait le même phénomène sur les côtes par exemple à Berck ou Cagneux-sur-Mer, en tout plus de trois millions de tonnes de sable pour « gérer l’érosion côtière ».

On a des littoraux défigurés comme au Maroc ou au Sierra Leone. Au Sénégal l'exploitation de sable de mer a été simplement interdite pour protéger les espèces vivant sur la côte, les pêcheurs locaux et l'activité touristique du littoral.

Les gouvernements doivent freiner les constructions à but spéculatif des promoteurs. Beaucoup d'appartements et constructions sont vides. En Chine il y a 65 millions de logement vides et 90% des appartements du Burj Khalifa la tour la plus haute au monde seraient vides.

Il convient de réfléchir aux matériaux susceptibles de substituer au sable mais également à la réutilisation des gravats pour construire d'autres immeubles. Par exemple les verres recyclés sont utilisés pour fabriquer du sable en verre broyé qui a commencé à être introduit pour remblayer certaines plages. Il est nécessaire de protéger certains sites il s’agit d’exploiter les gisements de sable avec raison et en cherchant les sites d’extraction qui limitent au plus l’impact environnemental.
Le législateur réfléchit à délimiter les zones d'extraction favorables en intégrant les préoccupations d'ordre halieutique et les impératifs économiques et techniques d'approvisionnement en granulats marins.
L’exploration et l’exploitation de granulats marins en France est subordonnée à trois autorisations :
- Un titre minier accordé par le ministre en charge des Mines
- Une autorisation d’ouverture de travaux de recherches ou d’exploitation accordée par le
Préfet
- Une autorisation domaniale
Ces trois demandes d’autorisation peuvent être regroupées en une procédure unique soumise à enquête publique et étude d’impact. La réglementation européenne avec directive Habitats (92/43/CE du 21.5.1992) et nationale se protège contre les dangers de l’extraction de sable en rendant la législation plus contraignante. Mais l’attention doit plus se porter sur le sable importé en Europe et Occident qui provient de régions où les Etats sont moins forts et ainsi le contrôle de l’exploitation abusive de sable plus faible.


Sources :

Toupin A., 2004. L’extraction de granulats marins. Impacts environnementaux, synthèse
bibliographique critique. Les fascicules de l’industrie minérale (ed.)

ONG Coastalcare

http://coastalcare.org/sections/features/sand-mining/