I - Jeux olympiques d’hiver à Sotchi

Le site de Sotchi, sélectionné par le comité international olympique (CIO)le 4 juillet 2007était,lors de sa sélection, constitué de marais et d’une montagne, vierge de toute installation.

Le choix d’un tel site impliquait donc, au-delà d’une certaine capacité d’imagination, l’engagement de dépenses nécessairement massives afin de créer ex-nihilo les équipements sportifs permettant d’accueillir les 98 épreuves des jeux olympiques d’hiver.

Au terme des travaux : quatorze centres sportifs, vingt-deux complexes d’accueil et plus de deux cent nouvelles autres infrastructures construits exclusivement pour les Jeux.

A elle seule, la construction de la station de ski « Rosa Khutor », théâtre des épreuves de ski alpin, permet d’apprécier le gigantisme des investissements réalisés par le gouvernement de Vladimir Poutine : 1,8 milliard d’euros, soit plus que le budget total des jeux olympiques de Vancouver de 2010, dont la facture s’élevait à 1,4 milliard !(1)

La création d’infrastructures - voiries en particulier - a cependant constitué le foyer de dépenses le plus important. Ainsi la nouvelle autoroute reliant les deux villages olympiques sortis de terre, et la nouvelle voie de chemin de fer l’accompagnant, ont-elles coûté conjointement 7 milliards d’euros.

Théoriquement cependant, tout a été prévu pour que les bâtiments olympiques connaissent une « seconde vie » à l’issue des jeux. Chaque gouvernement a en effet aujourd’hui conscience de la nécessité de prévoir, dès leur élaboration, une « seconde vie » aux équipements sportifs créés.

Ainsi, peut-on citer pour exemples le stade Fisht, qui sera réutilisé dans le cadre du Mondial de football, accueilli par la Russie en 2018 ou encore Le « Bolchoï », dôme de verre qui, après avoir abrité les épreuves de hockey sur glace, sera reconverti en centre multi-sports et inclura un lieu d’accueil pour conférences.

Quant au village olympique, il sera recyclé en logements. Le centre de presse deviendra pour sa part un centre commercial et de loisirs.

Les organisateurs, ont ainsi assuré que l’ensemble du site construit pour les JO aurait un avenir utile et fonctionnel…dont les données chiffrées demeurent cependant plus qu’incertaines.

Reste à transformer Sotchi en lieu de vie « réel » et en destination touristique de premier plan, conformément aux vœux, largement relayés par la presse, de Vladirmir Poutine. C’est à ce prix que les investissements engagés pour accueillir les jeux pourront véritablement être amortis.

Quid en revanche de l’impact écologique des JO ? De nombreuses associations de défense de l’environnement ont dénoncé des « jeux olympiques sauvages » ayant conduit à la destruction d’hectares de forêts, à la constitution de décharges sauvages, à la pollution de l'eau, à la disparition d'oiseaux migrateurs et de saumons etc… malgré l’aval donné en octobre 2010 au projet par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Officiellement, la Russie s’est en effet engagée à mettre en œuvre des mesures de compensation (2) telles que :
- la création d’un parc ornithologique;
- un programme de réintroduction du léopard perse ;
- l’agrandissement du parc naturel de Sotchi ;
- de nouvelles infrastructures scientifiques et à visée éducatives dans la Réserve de biosphère du Caucase…

Il semble pourtant légitime de s’interroger sur les impacts à long terme de l’implantation, au sein d'un ancien parc naturel, de structures titanesques pour les jeux d'hiver. Les risques de glissement de terrain sur le site sont désormais importants, tout comme les risques d’érosion, d’inondation et de sécheresse, selon de nombreux experts.

Enfin, compenser n’est pas réparer et certains dommages à l’environnement pourraient s’avérer irréversibles, en dépit de la bonne volonté, réelle ou supposée, du gouvernement russe.

II – Jeux olympiques d’été de Londres

Londres, dès sa candidature, avait mis en avant, au cœur de son projet, sa volonté d’organiser des « Jeux verts ».

Tout avait par conséquent été prévu afin de permettre une reconversion exemplaire des sites olympiques selon cinq axes : la gestion des impacts sur le changement climatique, la gestion des déchets, le respect de la biodiversité, l’inclusion sociale et la vie saine.

La ville s’était ainsi engagée à édifier le principal stade olympique de manière éco-responsable. Le challenge fut relevé puisque ce dernier se compose de matériaux légers à 75 %, de béton à faible densité carbonique, de chanvre, et d’un système de récupération d’eau, lui permettant d’accéder à la première place du classement des stades les plus légers et durables au monde.

En outre, partant du constat que la plupart des infrastructures olympiques ne sont utilisées que le temps des jeux puis laissées à l’abandon, la ville de Londres s’était fixée comme priorité de ne « gâcher » aucune des installations créées grâce à deux méthodes :

- réutilisation du site de façon régulière lorsque la structure le permettait,
- ou démontage lorsque cette dernière ne pouvait plus être utilisée. Le stade de basket-ball, notamment, a été traité selon cette seconde option et pourrait être réutilisé par des clubs sportifs parisiens ne disposant pas d’infrastructures adéquates, en étant remonté, par exemple, dans l’enceinte du stade Charléty.

Par ailleurs, pour réduire autant que possible l’empreinte carbone des Jeux, point cardinal des objectifs du Comité d’organisation des Jeux, un système de location de bicyclettes, similaire à celui des Vélib’ parisiens avait été, à cette occasion, mis en place.

Le village olympique de Londres a aujourd’hui bien entamé sa reconversion afin d’écrire positivement l’« olympic and paralympic legacy » (l’héritage des jeux) de 2012, dont le gouvernement espère tirer 13 milliards d’euros sur 4 ans (3).

Cette transformation, dont le coût est estimé à 380 millions d'euros, est censée changer, de manière drastique, la physionomie et la perception des quartiers de l'est londonien, jusqu’alors laissés à l’abandon en dépit de leur potentiel.

La London Legacy Development Corporation (l'agence chargée de la reconversion du parc olympique sous la direction du maire londonien), a d’ores et déjà annoncé qu’environ six mille logements sortiront de terre sur l’emprise du parc olympique. Dans une ville qui, comme Paris, souffre d’un déficit en logement et d’un prix exorbitant du mètre carré habitable, une telle mesure est largement saluée par la population londonienne.

S’il convient d’attendre quelques années encore pour mesurer le succès de la reconversion des sites olympiques londoniens, il semble que la Londres soit engagée sur la voie du succès, notamment grâce à son anticipation visant à s’inscrire dans une démarche de développement durable et réfléchi.

III- Coupe du monde de football au Brésil

L’objectif affiché de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) est d’organiser des mondiaux s’inscrivant dans une démarche de développement durable. A cet effet, les infra et superstructures ont été pensées pour compenser et/ou réduire autant que possible les émissions de gaz à effet de serre.

Deux mesures « phare » sont par ailleurs mises en avant par la FIFA :

- construction de stades répondant aux six critères de la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) à savoir aménagement écologique des sites, gestion efficace de l'eau, préservation de l’énergie et de l’atmosphère, sélection de matériaux et ressources durables, amélioration de la qualité des environnements intérieurs, innovation et processus de design.

- choix du « tatu-bola » (tatou-boule) comme animal mascotte du Mondial, classée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme espèce vulnérable depuis 1996 à raison notamment de la déforestation, la croissance urbaine et l’expansion agricole que subissent le Brésil.

Les vœux pieux exprimés par la FIFA semblent pour l’heure compromis, tant l’avancée des travaux du Mondial de football est en retard par rapport au calendrier initial.

Par ailleurs, la colère de la population, qui sait qu’elle supportera le coût faramineux des investissements réalisés à une heure où Brésil subit comme tant d’autres États des contraintes économiques fortes, constitue probablement un frein à la mise en œuvre de solutions plus innovantes, plus performantes en terme de développement durable, mais bien plus coûteuses.


Sources :
(1) www.lemonde.fr et www.eurosport.fr
(2) www.consoglobe.com
(3) https://www.gov.uk