Au début du mois de septembre 2013, la piscine d’Évry, dans l’Essonne, a été fermée, jusqu'à la fin du mois d'octobre, pour cause de taux anormalement élevé de légionelles dans le circuit d'eau chaude. Pourquoi une telle mesure de précaution? Qu'est-ce que les légionelles et quels risques leurs sont liés? Zoom sur le risque légionelle en France.

Les légionelles sont un groupe de bactéries dont l'homme peut être un hôte accidentel. Lorsque ceci se produit, elles peuvent déclencher deux pathologies potentiellement très graves, la légionellose ou maladie du légionnaire, et la fièvre de Pontiac. Cette dernière peut être la cause de symptômes comparables à ceux provoqués par la grippe. Elle se guérit, le plus souvent, sans traitement au bout de quelques jours. La légionellose, quant à elle, est une maladie beaucoup plus grave, à déclaration obligatoire auprès de la DDASS depuis 1987. En 2010, elle a causé la mort de 159 personnes, en France, (source : INVS) soit 11,7% des personnes contaminées. Ceci permet de déterminer que le taux d'incidence de la maladie est de 2,4 cas pour 100 000 habitants français (source : INRS). Du point de vue des symptômes, elle s'apparente à une grave forme de pneumonie (infection pulmonaire), dont des diarrhées, maux de têtes, vomissements ou malaises peuvent être des signes précurseurs. Aucun vaccin ne permet de se protéger contre la maladie du légionnaire qui touche majoritairement des hommes âgés rencontrant des problèmes immunitaires (traitements immunosuppresseurs, cancers etc...) et dont la probabilité d’occurrence peut être augmentée, notamment, par le diabète et/ou par la consommation régulière de tabac et/ou d'alcool.

Les légionelles sont des bactéries aquatiques dont le taux de développement est optimal lorsqu'elles se trouvent dans des eaux dont la température est comprise entre 25 et 30°C. Elles restent capables de survivre sans proliférer jusqu'à une élévation de température atteignant les 45°C. Au-delà de cette température, elles déclinent progressivement. On observe que le seuil de température pouvant être, statistiquement, considéré comme étant létal est de 70°C.

Par ailleurs, les légionelles apprécient tout particulièrement les eaux stagnantes et riches en micro-organismes. Ceci tient au fait que les eaux stagnantes se réchauffent plus facilement et sont un bon milieu d'accumulation pour les micro-organismes. Dans le milieu naturel, on trouve donc des légionelles dans les pièces d'eau stagnantes (lacs, étangs, flaques d'eau) et les terres à fort taux d'humidité. Toutefois, le contact avec ces environnements n'est pas dangereux. En effet, les légionelles ne peuvent être transmises à l’homme que par l'intermédiaire d'un aérosol. Ceci signifie que c'est l'inhalation de fines gouttelettes d'eau (contenant une certaine concentration de légionelles) mises en suspension dans l'air qui est dangereuse.

Comme précisé précédemment , les légionelles aiment les eaux riches en micro-organismes. En effet, elles sont des organismes parasites qui ont besoins de coloniser d'autres micro-organismes pour pouvoir se reproduire.

Or, ces conditions (stagnation, température, micro-organismes) sont réunis dans certaines installations humaines telles que:
Les réseaux d'eau chaude,
les douches,
les piscines,
les jacuzzi,
les hôpitaux,
les maisons de retraite,
les tours aéroréfrigérantes (tout de refroidissement),
les ventilations
ou certaines industries

Donc, il existe un risque pour les populations qui fréquentent ces milieux. Ceci est particulièrement vrai lorsque les catégories de personnes les plus sensibles, précédemment définies, sont en contact avec ces milieux. C'est tout particulièrement le cas dans les hôpitaux et les maisons de retraite.

Si la concordance des conditions de stagnation et de température peut sembler facile à comprendre pour une personne non-initiée, la présence de micro-organisme peut être plus surprenante. Pourtant, ces organismes se trouve en quantité plus ou moins importantes dans ce type d'installations notamment dans les canalisation d'eau chaude parfois riches en matières organiques. La problème est que les résidus formés par ces micro-organismes s'accumulent et se transforme en un bio-film réunissant toutes les conditions pour le développement optimal des légionelles tout en leur apportant une appréciable protection mécanique, mais aussi chimique. Ceci complique grandement le problème de l'élimination des légionelles puisqu'un traitement à l'aide d'un produit désinfectant, par exemple du chlore, n'est plus suffisant.

D'un point de vue juridique la réglementation impose, à travers l'arrêté du premier février 2010 relatif à la surveillance des légionelles, depuis le premier janvier 2012, à tous les établissements recevant du public, d'effectuer, au minimum, un contrôle annuel complet de la quantité de légionelles présentes dans leurs réseau d'eau chaude sanitaire. Pour ce faire, la méthodologie préconisée consiste à sélectionner des zones stratégiques de risque, dans lesquelles des contrôles de concentrations de légionelles et de températures sont effectués par des laboratoires agréés. Ces concentrations doivent alors être inférieures aux seuils de détection pour les établissements de santé et à 1000 unités formant colonies (ufc) dans les autres établissements recevant du public. Ces contrôles sont effectués aux frais du responsable de l'installation qui se doit de prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires en cas de concentration trop élevée de légionelles. C'est ce qui se produit actuellement à la piscine d’Évry.

Dans le but de maintenir le taux de concentration des légionelles sous les seuils de dangerosité, les responsables d'installations disposent de moyens de lutte. Ces derniers sont divers et variés. Parmi les plus efficaces, retenons tout d'abords l'agencement des tuyauteries. En effet, un agencement raisonné et pertinent d'un réseau conçu dans des matériaux adaptés permet, de largement diminuer le risque en empêchant les bio-films de "s'accrocher" à la tuyauterie et en assurant un mouvement perpétuel de l'eau. De plus, l'utilisation d'échangeurs thermiques permet de compartimenter le réseau en évitant, ainsi, qu'une portion d'eau contaminée ne se déplace sur l'ensemble du circuit d'eau.

Ensuite, les responsables peuvent avoir recours à des méthodes de désinfection des réseaux. Parmi ces dernières, retenons l'utilisation de dioxyde de chlore (différend du chlore classique, il présente l’intérêt d'être plus efficace contre les bio-films et moins agressif envers les tuyauteries) et l'utilisation d'ozone. Retenons, par ailleurs, que sil veulent éviter l'emploi de désinfectants, il peuvent avoir recours à l'eau surchauffée dont la température est supérieure à 70°C. Cette méthode présente, cependant, l'inconvénient d'être très énergivore et augmente le niveau global de risque du fait de l'augmentation de la probabilité de brûlure.