I La biodiversité: une ressource naturelle indispensable à l’homme

La biodiversité constitue un service écologique premier rendu à l'homme (A) qui représente un coût non négligeable (B).

A) La biodiversité: un service écologique rendu à l'homme

Au sommet de la Terre de Rio en 1992, sous l'égide de l'ONU, les pays participant ont décidé de faire une priorité de la protection et de la restauration de la diversité du vivant, considérée comme une des ressources vitales du développement durable. Cette prise en compte s'est effectuée par la rédaction d'une convention mondiale sur la biodiversité. La biodiversité est le résultat de deux milliards d'années d'évolution du vivant et constitue une ressource indispensable au fonctionnement des écosystèmes. Elle joue un rôle actif dans le maintien des équilibres écologiques, économiques et est l'élément constitutif des services que certaines ressources naturelles rendent directement à l'homme : les services écologiques.

En effet, au-delà de son ordre éthique, puisque la biodiversité est considérée comme un patrimoine légué par les générations passées qu'il convient de préserver pour les générations futures, elle constitue un enjeu écologique, la diversité est une condition indispensable à la survie des espèces comme des écosystèmes et par conséquent au bien être de l'homme. La biodiversité est un patrimoine vital pour l’homme car elle est essentielle aux services qu’il en retire, depuis son alimentation jusqu'à sa santé. Les ressources biologiques représentent un intérêt écologique pour la communauté, puisqu’elle est fortement liée aux besoins de l’homme: elle fournit l'oxygène vital ainsi que l’alimentation indispensable à l’homme par le biais de cultures vivrières, bétail, poisson. Certains services fournis par la biodiversité sont donc vitaux et la perte d'espèces-clé ou d'une grande part de la diversité génétique aurait des conséquences non prévisibles et souvent irrémédiables. La diversité biologique naturelle semble ainsi être un facteur de productivité et de stabilité des écosystèmes. La biodiversité fournit également à l'homme des services utilitaires tels que des fibres pour l'habillement, du bois pour le chauffage, la construction d'habitations. Pourtant, les activités humaines et nos choix de développement, en particulier ces cinquante dernières années, ont très souvent conduit à des pertes irrémédiables. La diversité biologique est sérieusement menacée par l’activité humaine. L'estimation du rythme actuel de disparition des espèces est 1000 fois plus élevée que celle du rythme habituel dans l’histoire de notre planète. Les changements au niveau des forces sous- jacentes qui affectent indirectement la biodiversité, telles que la population, la technologie, et le style de vie peuvent mener à des changements de ces mêmes forces affectant directement la biodiversité, tels que la pêche ou l'utilisation d’engrais. Ceux-ci ont pour conséquence des modifications au niveau des écosystèmes.

La biodiversité constitue donc un capital irremplaçable pour l’humanité et sa préservation doit être l’une des deux priorités environnementales majeures pour la communauté internationale, au même plan que la lutte contre le changement climatique, et ce, a fortiori parce que la biodiversité constitue un réel enjeu économique.

B) La biodiversité : un enjeu à forte valeur économique

Actuellement, la valeur économique de la biodiversité est de plus en plus mise en avant. Dans un effort de relier les considérations écologiques et économiques, la communauté internationale a ainsi commencé à analyser les services rendus par les écosystèmes à notre espèce. Les rapports de synthèse de l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire permettent de prendre la mesure de l’impact de nos activités sur les écosystèmes et sur les services qu’ils rendent à nos sociétés. Fixer une valeur économique aux services écologiques rendus par la nature a également été l'objectif du travail dirigé par Bernard Chevassus-au-Louis. L'idée étant de donner un coût à la nature pour que celle-ci soit prise en compte, à l'instar de la situation actuelle. Lorsqu’elle n'a pas de prix (au sens économique du terme), certains économistes ont fait remarquer que des individus et groupes sont amenés à agir comme si elle n'avait pas de valeur. Certaines décisions peuvent alors entraîner une mauvaise allocation des ressources avec un impact négatif sur le bienêtre collectif ou le bien commun. Quatre principaux services ont été identifiés : les services d'auto entretien, qui conditionnent le bon fonctionnement des écosystèmes (recyclage des nutriments), les services d'approvisionnement qui conduisent à des biens appropriables (aliments, matériaux et fibres, eau douce, bioénergies), les services de régulation c'est-à-dire la capacité à moduler dans un sens favorable à l'homme des phénomènes comme le climat et enfin, des services culturels, à savoir l'utilisation des écosystèmes à des fins récréatives, esthétiques et spirituelles.

Selon une étude présentée le 29 mai 2008 à la conférence de l'ONU à Bonn, de 1350 à 3 100 milliards d'euros seraient perdus chaque année à cause de l'érosion de la biodiversité. Dès lors, « L'enjeu est que la valeur économique de la biodiversité soit intégrée dans les décisions publiques dès 2010, l'année où jamais de prendre des décisions pour stopper l'érosion de la
biodiversité ».

II) Les impacts néfastes des recours aux brevets sur la biodiversité

Nous assistons aujourd’hui à un appauvrissement sans précédent de la biodiversité mondiale liée à la surexploitation de la nature. La biopiraterie constitue ainsi un danger supplémentaire pour la sauvegarde de la biodiversité. Certaines politiques industrielles inadéquates donnent parfois aux sociétés un accès limité aux ressources locales au lieu de les obliger à recueillir le matériel sans compromettre sa durabilité. L’exploitation industrielle des ressources par une surexploitation irresponsable provoque un appauvrissement rapide de nombreuses ressources biogénétiques. L'érosion des ressources naturelles, provoquée en partie par la biopiraterie contrevient à la consécration opérée en 1992 (lors de la Conférence de Rio) du développement durable des ressources naturelles.

Le développement intensif de l’exploitation et la commercialisation d’une ressource auparavant utilisée de façon durable par ses détenteurs peut entraîner une pression insoutenable sur la ressource et causer des ravages environnementaux. En effet, certains territoires sont devenus de véritables terrains d'expérimentation. Considérer la nature uniquement comme une source de profit peut avoir des conséquences néfastes pour l’environnement. Là où les peuples locaux favorisent en général les cultures diversifiées, les entreprises privilégient souvent la monoculture ou la mono-collecte de la ressource biologique convoitée par l'industrie. Cela conduit à un appauvrissement de la biodiversité locale et à une perturbation des écosystèmes qui n’est pas sans conséquence pour l’équilibre environnemental et les modes de vie des peuples ruraux ou autochtones. Ainsi, les ressources naturelles qui constituaient déjà un bien d’intérêt écologique pour l'homme, représentent également un intérêt économique croissant, dont la préservation est essentielle pour les générations actuelles et futures. Par ailleurs, l’écologie historique a démontré que ce que nous considérons comme le monde sauvage tel que l’Amazonie, est pour une grande part le résultat des peuples qui l’ont protégé pendant des millénaires. Ces régions sont celles où les industries s'approvisionnent en grande partie et sont souvent habitées par des communautés autochtones au mode de vie traditionnel qui possèdent une connaissance poussée de la faune et de la flore de leur territoire. Le gaspillage des ressources biologiques s'effectue ainsi, au détriment des populations locales dans un contexte d'érosion de la biodiversité jamais atteinte.