Face à la hausse du prix du baril de pétrole, à la demande énergétique qui progresse à un rythme soutenu et aux tensions environnementales, il est nécessaire de développer de nouvelles formes d’énergie. Les biocarburants apparaissent comme une réponse possible.
Trois types de cultures permettent la production de biocarburants : les oléagineux (colza, tournesol…), les végétaux producteurs de sucres fermentescibles (betteraves, canne à sucre, topinambours…) et les végétaux ligno-cellulosiques (bois, paille…).

Il existe deux générations de biocarburants, la frontière étant basée sur la matière première utilisée pour leur fabrication. En effet, la première génération est issue de produits agricoles servant également à l’alimentation. Pour beaucoup, le terme "biocarburant" est un raccourci commode pour ce qui devrait s'appeler "carburant d'origine agricole" ou "agrocarburant". La deuxième génération se distingue car elle utilise la biomasse ligno-cellulosique qui, elle, a une vocation purement énergétique.

La Commission européenne va mettre un frein aux biocarburants de première génération produits à base de cultures alimentaires, à un plafond de 5% de la consommation d’énergie des transports européens. Actuellement, cette part est déjà de 4,5%. Cette industrie est responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires qui est une des causes de la crise alimentaire de 2007-2008. Elle souhaite ainsi ouvrir la voie aux carburants de «seconde génération» produits à partir de déchets ou de résidus végétaux, qui n’entrent pas en compétition avec les cultures alimentaires.
Cette proposition contrarie les industriels qui ont investi dans la production biocarburants à base de plantes sucrières ou céréalières. Selon les Amis de la Terre, le compromis trouvé par la Commission européenne « ne va pas empêcher les biocarburants de faire monter les prix alimentaires et accélérer le changement climatique ».


Un compromis qui ne fait que des mécontents
Actuellement, les biocarburants de première génération représentent 4,5% de la consommation d’énergie des véhicules européens. Le seuil de 5% en 2020 déplaît fortement aux industriels qui ont investi massivement dans la production d’éthanol à base de plantes sucrières ou céréalières. «Certains Etats ont déjà fait des plans qui dépassent la limite de 5%. Cette proposition va mettre un terme brutal au développement du secteur et provoquer un ralentissement dans l'industrie des biocarburants et l'emploi dans les zones rurales», a affirmé le secrétaire général de la Copa-Cogeca, une fédération d’agriculteurs européens.

Même insatisfaction du côté des associations écologistes, mais pour d’autres raisons: elles estiment que la Commission ne va pas assez loin. Pour les Amis de la Terre, la proposition «ne va pas empêcher les biocarburants de faire monter les prix alimentaires et accélérer le changement climatique». ActionAid estime pour sa part qu’elle n'empêchera pas le phénomène de «l'accaparement des terres» dont sont victimes les pays en développement. Bref, personne ne semble satisfait du compromis trouvé par la Commission européenne: reste à voir si cette décision, prise pour enrayer l’explosion du prix des matières premières agricoles, atteindra ce but.

Le projet de directive, qui doit encore être approuvé par l'ensemble des commissaires puis par le Parlement et le conseil des ministres européens, fixe pour objectif à l'UE de ne plus subventionner, à partir de 2020, que les biocarburants permettant de "substantielles réductions des émissions de gaz à effet de serre" et qui "ne sont pas produits à partir de plantes utilisées pour l'alimentation humaine et animale".

Il introduit le concept de "changement indirect d'affectation des sols" : par exemple, si des oléagineux destinés à produire des biocarburants remplacent des cultures alimentaires et que celles-ci sont transférées sur une zone déboisée à cet effet, l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre produites par ces changements d'affectation sera pris en compte dans le bilan carbone des biocarburants, ce qui n'est pas encore le cas. "C'est important, car cela permet de faire le tri entre les bons et les mauvais biocarburants".
"C'est la première fois que la Commission européenne reconnaît l'impact négatif de sa politique de soutien aux biocarburants, aussi bien en terme d'émissions de gaz à effet de serre que de sécurité alimentaire", relève Clara Jamart, d'Oxfam France.

Certes les biocarburants de 1ère génération constituent donc un premier élément de réponse à la réduction d’émissions de GES mais insuffisant en raison des problèmes qu’ils posent en matière de biodiversité, d’impact sur l’environnement et d’arbitrage avec les denrées alimentaires. Autant de points alimentant la controverse sur l’intérêt des biocarburants et la nécessité de modifier nos habitudes de vie comme solution unique au mal d’énergies dont souffre la planète.