Dans un contexte d'accroissement du nombre d'êtres humains sur la planète et du revenu moyen par habitant, le marché automobile mondial et appelé à se développer très fortement dans les années à venir. Ce phénomène étant déjà amorcé par l'explosion du marché chinois.

Cependant, le secteur automobile pose de graves problèmes écologiques. L'un des principaux est le carburant. En effet, l'immense majorité des véhicules modernes roulent avec un dérivé du pétrole (principalement essence ou diesel). Or les stocks de ces ressources sont limités et elles sont largement impliquées dans le phénomène de changement climatique du fait de l’émission de gaz à effet de serre formés lors de leur combustion dans les moteurs.

Pour palier à ces problèmes, l'industrie automobile étudie l'utilisation de technologies alternatives appelées à remplacer les motorisations fonctionnant avec un dérivé du pétrole. Parmi ces dernières, les motorisations électriques montent en puissance. C'est dans ce contexte que la commission Européenne a révélé, le 24 janvier 2013, son programme pour la promotion des technologies automobiles "propres" (et notamment électrique) et que l'UE réfléchie d'ores et déjà à l'élaboration d'une directive spécifique.

STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR LE DÉPLOIEMENT DE LA VOITURE 100% ÉLECTRIQUE

La voiture électrique classique (100% électrique) est un véhicule fonctionnant grâce à une moteur alimenté par de l'énergie électrique. Cette dernière est stockée dans le véhicule lui-même, grâce a un système de batteries installées dans le coffre, sous la banquette arrière ou intégrées dans le bas de caisse pour les véhicules les plus modernes.

Les constructeurs français croient beaucoup en l'électrique, soit en 100% électrique chez Renault, soit en hybride thermique/électrique chez PSA et estiment que sa marge de progression est particulièrement intéressante. Ceci n'est pas étonnant dans un pays qui est détenteur d'un grand savoir-faire en matière de production électrique nucléaire. En effet, si la proportion de ces véhicules augmente, les États devront augmenter leur production d'électricité afin de couvrir la demande. Or, les contraintes réglementaires internationales se font de plus en plus contraignantes en matière de rejets de CO2 dans l'atmosphère. Il y a donc là une niche intéressante pour la France qui pourra exporter son savoir-faire en matière de nucléaire qui, pour rappel, ne dégage pas de CO2.

Mais les constructeurs automobiles français ne sont pas les seuls à s'intéresser à la technologie électrique, un très grand nombre de constructeurs étrangers proposent ce type de véhicules. Il existe même, depuis quelques années, une marque américaine (Tesla) totalement dédiée à la production de véhicules électriques. Cette dernière a pulvérisé les records de ventes de véhicules premiums, germaniques ou anglais, sur le marché californien, au premier trimestre 2013, tout en enregistrant une hausse record des ventes de 33 000% en un an.

La commission Européenne n'est pas insensible à ce contexte et manifeste clairement son ambition de promouvoir cette forme de mobilité pour l'avenir proche. En effet, dans le cadre de son programme, elle prépare le cadre juridique nécessaire au développement d'un réseau de recharge lui-même indispensable à la généralisation de ces véhicules. Elle a ainsi, à titre d'exemple, défini le standard relatif au type de prise de recharge qui sera déployé, permettant l'harmonisation européenne des technologies de recharge. En outre, elle établie des objectifs chiffrés pour l'horizon 2020. Ainsi, il est prévu que la France, par exemple, procède à l'installation de 97 000 bornes de recharge publiques, d'ici 2020. Au niveau européen, l'objectif de la commission est d'atteindre les 800 000 installations publiques pour la même échéance. En complément, la commission prévoit que ces bornes devront être reliées à un réseau électrique intelligent (smartgrid).

STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR LE DÉPLOIEMENT DE LA VOITURE A HYDROGÈNE

Le problème des voitures électriques classiques est que leur autonomie est très limitée du fait de la capacité elle-même limitée des éléments de stockage (batteries). Ceci freine de nombreux acheteurs et contribue largement aux difficultés rencontrées par les constructeurs automobiles à vendre leurs véhicules électriques (hormis l'exemple de Tesla sur le marché américain). La solution à ce problème pourrait être de stocker l'énergie sous une autre forme et de la transformer en électricité au sein même de la voiture. C'est la solution proposée par la voiture à hydrogène.

Cette dernière fonctionne à l'aide d'un système qui permet de faire réagir l'hydrogène et l'oxygène de l'air afin de former de l'eau, de la chaleur et de l'électricité. Ce principe de fonctionnement apparemment simple est en réalité très complexe et cette technologie n'est pas, aujourd'hui, disponible à l'échelle industrielle bien que de nombreux constructeurs automobiles proposent des modèles en très petites séries ou en tests de circulation (véhicules loués par un usager testeur dont le rôle est de transmettre ses observations et retours d'expérience). ceci démontre que la technique en elle même est aujourd'hui viable.

Il est, cependant, très probable que cette technologie soit appelée à investir le marché dans un avenir proche puisqu'elle répond parfaitement aux attentes des consommateurs tout en préservant l'environnement et en étant potentiellement très rentable pour les gouvernements (l'hydrogène est une ressource que les États pourront facilement taxer comme c'est actuellement le cas pour les énergies issues du pétrole).

Il est d'ailleurs, d'ores et déjà, possible de considérer que la procédure de généralisation de cette technologie est en cours. En effet, nombreux sont les constructeurs à avoir, récemment, investi dans des projets de recherche et développement liés à la voiture à hydrogène. Notons, à ce propos, que les constructeurs français accusent un important retard en la matière. Il semblent préférer les pistes des technologies 100% électrique, hybride et diesel pour proposer des véhicules efficients. Ceci pourrait cependant changer du fait de l'interdiction partielle potentielle des véhicules à moteurs diesels des centres villes européens, du fait de la nature cancérogène des particules fines émises par les moteurs diesel. Le développement des technologies diesel et hybride-diesel pourrait alors être largement impacté ouvrant, dès lors, la voie à l'hydrogène.

Toutefois, ce manque d'investissement de la part des constructeurs français n'empêche pas l'industrie française de compter en son sein certaines entreprises à la pointe de la technologie en matière d'application de l'hydrogène (pas seulement pour les voitures) telles que Air Liquide qui milite pour le développement de la technologie hydrogène appliquée au véhicules.

A l'image des constructeurs automobiles (sauf français) l'union européenne, est très intéressée par le déploiement de cette technologie et cherche à favoriser la mise en place d'un réseau de points de recharge indispensable à la généralisation de cette technologie. Dans ce sens, elle a fait savoir qu'elle souhaite voir la mise en place d'un point de recharge tous les 300km d'ici 2020, sur l'ensemble de son territoire. Elle précise, de plus, qu'au moins un point de recharge doit être prévu par tranche de 250 000 habitants dans les zones urbaines.

Cette dernière disposition est particulièrement clairvoyante de la part de l'UE puisque la majorité des futurs utilisateurs sera très probablement constituée de personnes vivant dans de grands centres urbains très concernés par les problèmes de pollutions sonores et atmosphériques et probablement soumis à une réglementation toujours plus dure en matière d'émissions polluantes. Enfin, retenons que les pays ne possédant pas de bornes à l'heure actuelle auront droit à un délai supplémentaire de 10 ans.