Après les premiers signaux d’alerte des années 1990, plusieurs comités d’experts ont émis des messages contradictoires avec des résultats aussi polarisés que «il n’y a aucun risque» jusqu’à «toutes les personnes exposées sont à risque» pour le BPA

Parmi les Perturbateurs Endocriniens, le BPA a un haut profil médiatique, en raison des enjeux économiques, scientifiques et politiques élevés qu’il représente.

L’Anses a été saisie par courrier le 4 juin 2009 par la Direction générale de la santé (DGS) en vue de demander une expertise sur les risques sanitaires en population générale liés à des substances reprotoxiques de catégorie 3 et/ou perturbateurs endocriniens présents dans des produits et/ou articles mis sur le marché, dont le BPA.

Un autre courrier le 18 février 2010, de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) qui a saisi l’Agence en vue de demander une expertise sur le BPA, prenant en compte tous les autres types d’effets toxiques, au-delà des seuls effets reprotoxiques et/ou liés à la perturbation endocrinienne.

Sur la base des premiers travaux du groupe de travail «Perturbateurs endocriniens et reprotoxiques de catégorie 3» (GT PE) et du Comité d’expert spécialisé «Evaluation des risques liés aux substances chimiques» (CES Chimie), l’agence a publié en septembre 2011 un rapport d’expertise collective sur «Les effets sanitaires du bisphénol A» et un rapport d’étude sur «Les connaissances relatives aux usages du bisphénol A».

Le GT PE a depuis septembre 2011, poursuivi le traitement des deux saisines en concluant une expertise sur les risques sanitaires liés à une exposition au BPA prenant en compte diverses sources et milieux d’exposition. Le rapport d’expertise collective est accompagné d’un recensement d’alternatives au BPA, d’une étude concernant d’autres composés de la famille des bisphénols et d’un rapport d’auditions d’experts scientifiques et de représentants d’organismes sur la question
des représentations sociales et scientifiques autour des incertitudes liées à la problématique des perturbateurs endocriniens.
Après trois années de travail, l’Anses a publié en avril 2013 les résultats de l’évaluation des risques sanitaires associés au bisphénol A.

L’avis publié ce jour confirme les effets sanitaires du bisphénol A pointés par l’Agence en septembre 2011, en particulier pour la femme enceinte au regard des risques potentiels pour l’enfant à naître. Il prend en compte, pour la première fois, une estimation des expositions réelles de la population au bisphénol A par voie alimentaire, mais aussi par inhalation (via l’air ambiant) et par voie cutanée (au contact de produits de consommation).

L’alimentation contribue à plus de 80% de l’exposition de la population. Les principales sources d’exposition alimentaire sont les produits conditionnés en boîtes de conserve qui représentent environ 50% de l’exposition alimentaire totale. L’Agence a également identifié l’eau distribuée en bonbonnes de polycarbonate comme une source conséquente d’exposition au bisphénol A.

Les conclusions de l’évaluation des risques, réalisée sur la base des dangers identifiés à partir d’études conduites sur des animaux et de la caractérisation des expositions, montrent un risque potentiel pour l’enfant à naître des femmes enceintes exposées. Les effets identifiés portent sur une modification de la structure de la glande mammaire chez l’enfant à naître qui pourrait favoriser un développement tumoral ultérieur. La mise en évidence de ces risques potentiels est néanmoins associée à un niveau de confiance qualifié de « modéré » par les experts au regard de l’état actuel des connaissances et des incertitudes.

Par ailleurs, les travaux ont également conduit à identifier d’autres situations d’exposition, notamment liées à la manipulation de papiers thermiques (tickets de caisse, reçus de cartes bancaires, …), en particulier dans un cadre professionnel.