A contre-courant des évolutions prises par le secteur du transport public de voyageurs, il existe un système qui s’est développé depuis quelques années dans certaines villes de province : il s’agit de la gratuité des transports en commun.

Afin de rendre effectif et viable cette gratuité, a alors été mis en place une taxe payé par les entreprises de plus de 10 salariés, intitulé Taxe Versement Transport.
A l’exemple de la communauté d’Aubagne, passée à ce système de gratuité le 15 mai 2009, a été observé durant les 6 premiers mois de gratuité une forte hausse de la fréquentation de plus de 70%, preuve du succès de cette démarche en terme de fréquentation.

La gratuité répond à un double objectif :

Le premier est évidement social en permettant à tous de profiter de l’usage des transports en commun. Permettant ainsi de diminuer les inégalités géographiques en rendant le « centre » accessible à tous.

Et le second et d’ordre écologique : faire diminuer le nombre d’automobiles afin de réduire les émissions de CO2.
En effet selon l’IRU, un bus émet par passager environ 4 fois moins de gaz à effet de serre qu’une voiture particulière. De plus un seul bus permet de transporter en moyenne, en nombre de passagers, l’équivalent de près de 50 voitures.

Cependant la gratuité des transports publics de voyageurs divise. Apparaissant pour certains comme une solution à généraliser et pour d’autres comme étant une «fausse bonne idée ».
Ainsi concernant l’objectif environnemental, il est à noter dans certaines villes qui ont adopté ce système, que ce ne sont pas forcément les automobilistes qui quittent leurs véhicules pour utiliser les transports en commun mais plutôt les piétons qui choisissent d’utiliser les transports.
Ainsi selon Bruno Faivre D’Arcier, Professeur au laboratoire d’Économie des Transports, opposant à la gratuité dans les transports : « l’automobiliste qui paie déjà 300 euros par mois pour sa voiture ne la quittera pas parce que les Transports en commun sont gratuits » ou encore « si la gratuité permet de faire en bus des trajets courts que l’on faisait à pied, où est le gain environnemental ? » (Trans Flash bulletin d’information des déplacements urbains départementaux et régionaux n°352 Avril 2010, le débat : la gratuité dans les transports collectifs urbains)

Il y a donc un constat d’échec là où a été observé ce phénomène, les transports gratuits n’attirant pas la bonne cible. D'un point de vue écologique il n'y a pas de diminution des émissions de CO2. Pire cela pourrait avoir pour conséquence d'agrandir le parc de véhicules : en habituant une population piétonne à prendre les transports, à circuler plus rapidement, cette dernière ne risque-t-elle pas d'envisager l’acquisition d'un véhicule individuel ?

Il apparaît plus efficace de lutter directement contre le moyen de transport individuel : en le taxant d’avantage, en réduisant les places de stationnement ou bien encore en augmentant le prix des parkings, plutôt que de favoriser un autre moyen de transport, une méthode au succès très relatif...
Ou encore de développer comme c’est déjà le cas dans plusieurs villes, le système dit de l’intermodalité. Ce système consiste à sensibiliser les voyageurs à utiliser, à combiner pour leur trajet différent modes de transports alternant marche à pied, usage de la voiture et transports en commun, avec pour objectif de réduire l’usage de la voiture, de fluidifier les déplacements dans un souci écologique.
Certes la gratuité n’est pas incompatible avec l’intermodalité mais quitte à choisir, ce dernier semble, pour beaucoup, plus efficace en termes de réduction d'émissions de CO2.