I L’Amazonie en péril

Le déboisement de la forêt mais également des projets tel que le barrage de Belo Monte mettent la forêt amazonienne en danger.

A) Le déboisement de l’Amazonie

Que ce soit pour cultiver du soja, fabriquer des meubles ou élever du bétail, plus d’un cinquième de la forêt amazonienne a déjà disparu, victime d’une déforestation massive et incontrôlée, depuis les années 70. Le déboisement de la forêt au profit des cultures est aujourd’hui la principale cause de cette destruction au Brésil. Environ 52 000 km² de forêt vierge disparaissent ainsi chaque année afin d’en faire des pâturages pour l’élevage de bétail et des champs pour la culture de soja. Le Brésil, après les États-Unis, est le deuxième producteur mondial de soja qui, cultivé pour ses graines riches en protéines et bon marché, constitue le principal fourrage du bétail européen. Cependant, la monoculture du soja par des géants de l’industrie agroalimentaire se fait au détriment de la forêt amazonienne. L'utilisation massive d'engrais et de pesticides polluent les sols et les eaux menaçant ainsi de nombreuses espèces. On constate aujourd'hui, que 1,3 millions d’hectare ont été convertis à la culture du soja depuis 1998.

L’exploitation du bois à des fins commerciales est la seconde explication du déboisement de la forêt tropicale. En un demi-siècle, la population de la région de l'Amazonie au Brésil est passée de 6 à 25 millions de personnes, ce qui a entraîné une réduction massive des surfaces forestières au profit de la production de bois et de l'agriculture. La majeure partie de ce bois est utilisée pour le chauffage ou la production de charbon de bois mais également à des fins de matériaux de construction. Ainsi, le Japon à lui seul importe environ la moitié de la production annuelle du bois amazonien, tandis que l’Europe de l’Ouest arrive en seconde position.

On peut également citer l’exploitation minière et la feuille de cocaïne qui génèrent un déséquilibre écologique et social important. En effet, le Brésil dispose des plus importantes réserves de minerai de fer du monde. Selon la loi brésilienne, ce charbon ne doit provenir que des terres reboisées, néanmoins, cette loi n’est pas toujours appliquée, et une partie de ce charbon provient en fait du bois de forêt vierge. De plus, ces extractions nécessitent des infrastructures importantes : réseaux routiers et ferrés, bâtiments, sites de forage, ce qui amplifie le phénomène de déforestation.
La culture de la coca génère également un déséquilibre menaçant la forêt vierge. La feuille de coca devenant une affaire d’argent, l’usage de la cocaïne s'étant répandu, le trafic augmente et les paysans se voient obligés, pour des raisons économiques, de raser des étendues de forêt vierge pour y cultiver cette plante.

B) Le barrage de Belo Monte

Le barrage de Belo Monte sera le troisième plus grand au monde et fait suite à la construction de celui de Jirau, qui s’étend sur 668 km2 dont 400 km2 de forêt primaire en territoires autochtones au cœur de la foret amazonienne. Ces ouvrages font partie d'un plan de méga barrages planifié dans le cadre du Programme de croissance accélérée du Brésil, qui tend à stimuler la croissance économique du pays par la construction de gigantesques infrastructures, principalement en Amazonie.
La construction du barrage de Belo Monte sur le fleuve Xingu au nord de l'Etat du Para aura pour conséquence d'assécher ce fleuve et réduira donc le stock de poissons qui constituent un moyen de subsistance pour des milliers d’Indiens qui dépendent étroitement de la forêt et de la rivière. Il déplacera plus de 20 000 personne et obligera 24 populations à changer leur mode de vie du fait de la raréfaction de leurs ressources vivrières.

La construction du barrage a fait l’objet de nombreuses plaintes à l’échelle nationale et internationale, et a été condamnée à maintes reprises. L'Institut gouvernemental de l'environnement brésilien (IBAMA) chargé de mener les études d'impact au projet a déclaré qu' « il y a des éléments insuffisants pour attester de la viabilité environnementale du projet » en raison de l'omission de données dans l'étude d'impact environnementale (EIE). Les données manquantes reposent sur la qualité de l'eau, les indicateurs socio-économiques et les populations de poissons. Malgré cela et en conséquence d'une forte pression exercée sur les ministres, ce qui a déclenché des démissions au sein de l’agence. L'IBAMA a accordé la licence environnementale approuvant l'EIE en Février 2010 stipulant que le consortium gagnant les appels d'offres aurait à surveiller les impacts du projet sur une "période d'essai" de six ans.
Plusieurs actions en justice ont été déposées en 2010 par 13 organisations de la société civile et le bureau du procureur de la République du Brésil. De nombreuses organisations locales et internationales appellent également à l’annulation de la licence de construction du barrage, invoquant le fait que les EIE ont été menées de manière partielle et que les Indiens et les autres populations affectées n’ont pas été consultés de manière adéquate. L'IBAMA a accordé un permis environnemental provisoire sans répondre aux omissions soulevées dans l'évaluation environnementale. Parmi lesquelles, la déforestation, la capacité de production considérée insuffisante au vu des coûts prévus, les émissions de gaz à effet de serre et en particulier l'omission de l'avis de la population locale.

Au mois d'avril 2010, l'appel d'offre pour la construction du barrage avait été suspendu par une décision de la justice de l'État amazonien du Para, malgré le feu vert accordé vendredi par la justice fédérale brésilienne. Le ministère public estime que le projet de Belo Monte constitue un "affront aux lois de l'environnement", de même qu'il suscite des doutes "quant à la biodiversité et à la survie des populations le long des 100 Km du Rio Xingu où vivent 12.000 familles". Cette annonce fut annulée en appel le jour même. Mais pour l’État Brésilien, pas question d'abandonner un barrage qui, avec une puissance prévue de 11 000 Méga-watts, devrait générer 11 % de l’électricité du pays et créer des dizaines de milliers d'emplois.

En Mars 2011, c'est une cour fédérale du Para qui ordonne l’arrêt de la construction de l’édifice. C’est la deuxième fois que la juridiction de cet État ralentit le projet en considérant que l’autorisation de construction délivrée le 26 janvier dernier par l'IBAMA a négligé les impacts environnementaux et sociaux. En dépit, le Brésil vient de donner son feu vert définitif aux travaux de Belo Monte au 1er juin 2011, l'IBAMA a octroyé à Norte Energia SA, la licence officielle qui autorise la construction du barrage en estimant se "fonder sur une analyse technique sérieuse" du projet qui comprend des compensations sociales et écologiques pour les populations traditionnelles permettant le démarrage des travaux dès l'été 2011. Alors que le chantier a démarré, le bras de fer continue.

Après plus de deux ans de constantes protestations et dénonciations, la présidente Dilma Rousseff, recommande de nouvelles études. Le premier acte a été signifié mi-mai 2013, sous la forme d'une suspension des processus de démarcation de terres dans le Parana, État qui est le théâtre d'une tension grandissante entre constructeurs et indiens au sujet du partage des territoires. Il faudra être attentif aux prochaines négociations quant au barrage Belo Monte, dénoncé comme la prochaine catastrophe écologique.

II Des conséquences drastiques s’étendant au-delà de la forêt amazonienne : bouleversement de l'écosystème

Le déboisement massif de la foret de par la culture intensive ainsi que les projets d’industrialisation du Brésil, tendent à un constat plus que défavorable sur l’état de la forêt. En Amazonie, on peut constater un déséquilibre tant au niveau végétal que climatique.

A) Conséquences sur la biodiversité et les peuples d'Amazonie

La biodiversité: contraction de « diversité biologique » désignant la variété et la diversité du monde vivant, est également touché par le phénomène de déforestation. Les espèces végétales disparaissent lors de déforestations, ce qui pose un réel problème pour la biodiversité végétale car les espèces ne se reproduisent plus, ne pouvant s’accommoder à de nouveaux espaces et à un nouvel environnement. De nombreuses espèces dites « Ombrophiles » sont dépendantes des grands arbres et lors d'un défrichement, elles sont soumises à l'attaque du vent et de la pluie et disparaissent ainsi très rapidement.

Les conséquences climatiques dues à la déforestation ne peuvent encore être établies de manière certaine et scientifique mais on constate tout de même un phénomène réel : la modification de l’écosystème. On estime actuellement, que le déboisement est responsable de la perte de 3 espèces par heure, soit 26 280 par an.

La déforestation aurait également des conséquences non négligeable sur le climat comme en témoigne le rapport de l'ONU de 2005: « à l'échelle mondiale, la déforestation dans les pays tropicaux est la deuxième cause du changement climatique après la combustion des énergies fossiles. »

Depuis quelques années, les conditions climatiques de la forêt vierge amazonienne se modifient : un phénomène de sécheresse a été observé au-dessus de la forêt et les précipitations sont plus violentes qu’avant. Localement, le climat a été modifié : la température s'est élevée et les précipitations ont diminuée alors que la forêt tropicale humide normalise le climat. En effet, de grandes quantités d'eau s'évaporent des arbres, se condensent en nuages et retombent en pluie. D'autre part, les arbres emmagasinent la chaleur et la lumière du soleil. En abattant des arbres, on limite l'énergie renvoyée vers l'atmosphère et l'on peut constater des variations de températures pouvant aller jusqu'à 12° à certains endroits.
Un article du Monde en date du 20 octobre 2005 illustre le phénomène actuel de sécheresse : « La où les profondeurs de l'Amazone atteinte 15 mètres habituellement, elle n'est plus que de 80 cm à l'heure actuelle ».

La forêt amazonienne se meurt, mais également la richesse de sa vie animale et végétale, ses peuples indigènes et leurs anciennes cultures qui dépendent entièrement de la foret. La survie des Indiens et la survie de la forêt ne font qu’un. On estime à l'heure actuelle, que la foret amazonienne est le foyer d'environ 250 000 personnes qui vivent en symbiose avec elle. La forêt constitue pour les peuples autochtones un habitat naturel et ces derniers vivent avec les ressources qu'elles lui procurent.

B) Le « poumon de la terre » en péril

Ce surnom a été donné à l'Amazonie vers le milieu du siècle dernier et entretien le mythe d'un organe vital à l'échelle mondiale, car la forêt amazonienne produirait plus d'oxygène qu'elle n'en consommerait.

La déforestation est responsable de 75 % des émissions de gaz à effet de serre brésiliennes. L’effet de serre fonctionne ainsi: les molécules de gaz carbonique (CO2) permettent aux rayons de soleil de traverser l’atmosphère, et de venir réchauffer la terre mais la couche d’ozone évite un réchauffement excessif en filtrant les rayons infrarouges. Jusqu’aux débuts de la révolution industrielle, il y a deux cents ans, le niveau de gaz carbonique était régulé de façon naturelle par les plantes et les organismes transformaient le gaz carbonique en oxygène.
Le déboisement dans les tropiques contribue au réchauffement de la planète de deux manières : les forêts tropicales produisent près de la moitié de l’oxygène mondial en absorbant le gaz carbonique de l’air. Moins il y a d’arbres et de plantes, moins la terre absorbe de gaz carbonique. Les forêts jouent un rôle essentiel dans la stabilisation du climat de la planète car elles renferment de grandes quantités de carbone qui contribueraient au réchauffement climatique. D’ici vingt ans, 80 à 120 milliards de tonnes de CO2 seront libérées suite au déboisement de l’Amazonie. Ce qui aura pour conséquence parallèle une augmentation de la température moyenne mondiale d’un à un degré et demi.

A plus grande échelle, ce réchauffement entraînera l’élévation du niveau des océans à mesure que fondent les calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groënland. Le réchauffement affectera aussi la direction des courants maritimes et des vents, provoquera des changements climatiques, des inondations et des sécheresses.